C’est soir de première. Pas n’importe quelle première, mais la première des premières. Il est vrai qu’on n’inaugure pas un théâtre tous les ans, encore moins une salle récipiendaire de deux prix émis par l’ADISQ comme salle de spectacle de l’année. Néanmoins, en arrivant aux portes du Théâtre des Eskers, le soir du premier spectacle de l’année suite aux rénovations majeures qui l’ont complètement redessiné, une fébrilité m’envahit.
L’espace d’un instant, je ferme les yeux pour me rappeler l’intérieur du « vieux » Théâtre des Eskers. Celui qui a marqué les jeunes Amossois qui venaient tantôt assister aux prestations de leurs amis, tantôt fouler les planches lors de la Semaine des arts, de divers concerts de musique, de spectacles de danse ou combien d’autres productions culturelles locales. Celui dont la première pièce accueillant les visiteurs dévoilait un plancher recouvert de tapis (il devait y avoir une bonne raison à ce choix de matériaux insonores) et où les couleurs et les textures des accessoires de décoration s’accordaient autour d’une palette plutôt pâle datant des années 80. J’entre à nouveau dans mon théâtre, mais cette fois-ci, c’est une décoration moderne apportant une ambiance décontractée qui m’accueille dans le foyer.
Je remarque que le bar a été changé de place pour laisser un espace beaucoup plus vaste qui pourra être aisément utilisé comme salle pour des spectacles de plus petite envergure. D’ailleurs, la modernisation de cette salle a été conçue en fonction de l’installation d’un éclairage et d’une sonorisation pour d’éventuelles prestations plus intimes avec un système de pont incorporé au plafond qui est pratiquement invisible lorsque la salle n’est pas convertie pour un spectacle. Même les tenanciers du bar se réjouissent de travailler avec de nouveaux réfrigérateurs installés à portée de main contrairement aux anciens, où le mouvement requis pour aller chercher les boissons s’apparentait chaque fois à une grande révérence.
L’heure d’entrer dans la salle est arrivée. En y pénétrant, il est facile de constater que tous les bancs sont non seulement neufs, mais plus larges. Certainement, les normes ont changé en trente ans et la modernisation du théâtre s’est aussi soumise à la largeur des sièges règlementaire pour assurer un meilleur confort aux usagers. Nous sommes donc passés d’un théâtre contenant 650 bancs de 16 à 18 pouces à 656 bancs de 20 et 21pouces. Un coup d’œil au balcon me fait remarquer que la petite salle vitrée qui jadis servait à projeter les images des bobines de films sur un grand écran à la fin des années 90 – car n’ayant pas de cinéma à Amos, le Théâtre des Eskers s’improvisait salle de cinéma le temps d’un film – n’existe plus. Assurément, en augmentant la largeur des bancs, cela a pour effet d’en diminuer le nombre, mais en ajoutant trois rangées de bancs au fond, la salle de spectacle respecte son minimum de 650 places assises. Nous serons confortables pour apprécier à sa juste valeur Fred Pellerin qui inaugure l’endroit.
À la sortie, je croise Alain Coulombe, le responsable de la programmation, et il me dit à quel point son équipe et lui ont travaillé fort. « Nous sommes satisfaits et extrêmement fiers du résultat », me confie-t-il. Encore sous l’euphorie des histoires de l’excellent conteur, c’est un plafond de lumières qui nous reconduit jusqu’à la sortie de l’un des plus beaux fleurons de la ville d’Amos. \