Malik Kistabish, citoyen algonquin de Pikogan, pratique la  danse autochtone depuis 2005. Avant de quitter pour une semaine dans la forêt, il a eu la générosité de nous accorder une entrevue afin de partager sa vision de la danse et le sens qu’elle a dans la culture nord-amérindienne.

Le danseur relate qu’il a baigné dans la culture catholique au cours de sa jeunesse.  Ayant quitté Pikogan entre 18 et 22 ans pour voir du pays et surtout pour étudier, il s’est éloigné de sa culture d’origine, partageant de nouveaux centres d’intérêts avec ses pairs, comme le hockey. Malgré tout, la liberté et le rapport étroit à la nature ont toujours sommeillé en lui, explique-t-il. À son retour à Pikogan, il a repris contact avec la culture et la spiritualité autochtones, en pratiquant les habitudes qu’il avait jusqu’alors observées passivement.

Une danse autochtone n’est pas un spectacle, précise Malik Kistabish, bien qu’elle puisse être appréciée par toute personne présente à un pow-wow. Elle est un mode de vie et une pratique spirituelle. « Les danseurs ne se considèrent pas comme une troupe. Leur habit (régalia) n’est pas un costume. Il exprime leur spiritualité », précise-t-il.

Il nous explique que danser, pour un autochtone, correspond à une entrée en communion avec les éléments de la nature, tels l’air, le soleil, la terre. Cela permet d’entrer en contact avec les ancêtres. Le danseur nous livre son expérience subjective : il danse pour garder vivant un pan de la culture autochtone, pour la joie de vivre, pour la vie qui l’entoure. Pendant qu’il est absorbé par ce rituel, il ressent fierté, liberté et sérénité. Il ne danse pas quand il est en colère ou préoccupé. Il éprouve le besoin de se rasséréner avant de danser. « La danse m’apporte l’équilibre et le respect envers les autres », dit-il.

Il évoque une notion de devoir à travers l’idée que danser implique le respect des traditions. Le régalia, par exemple, doit se conformer à certains critères de façon à ce qu’il signifie le respect envers autrui. Depuis qu’il danse, l’homme accorde plus d’importance à la transmission générationnelle des traditions, il se trouve plus conscient des éléments autour de lui et il prend la vie le plus positivement possible. Après l’entrevue, il part chasser le gibier avec ses enfants, témoignant de son désir de leur apprendre la vie en forêt et le respect des animaux.

Les prochaines danses à Pikogan, auxquelles participera Malik Kistabish, sont prévues pour les 13 et 14 juin. Le danseur précise qu’il y aura d’autres pow-pow cet été à travers le Québec, et qu’il espère trouver le temps de participer notamment à ceux de Maniwaki et d’Ottawa, ce qui n’est pas évident car il est directeur d’un centre de santé et père de trois enfants. Tout le monde est bienvenu pour danser lors d’un pow-wow, bien qu’il faille être autochtone pour accéder à la dimension spirituelle de la danse, clarifie M. Kistabish. Ainsi, si la danse/mode de vie est une affaire d’autochtones, la beauté des couleurs qu’elle arbore est à la portée de tous! \


Auteur/trice