Le RAIDDAT est un groupe communautaire dont la mission est la protection et la défense des droits de toute personne qui, en raison de problèmes de santé mentale, se trouve dans une période vulnérable de sa vie. L’équipe organise à l’occasion des cafés-causeries où des artistes sont invités à partager et discuter avec la clientèle au sujet de leur création et de leur vie. Le 4 février dernier, c’était au tour de l’auteure et peintre Virginia Pésémapéo Bordeleau de vivre l’expérience. Nous lui avons demandé de nous livrer ses impressions.
La rencontre
//Virginia Pésémapéo Bordeleau
Bien que cette réunion était la troisième de cette journée, j’arrivai à temps pour le café chaud, corsé et bon, que m’offrit l’organisateur de cette rencontre avant même que mon manteau soit sur le crochet de la patère. Le soleil entrait par flots généreux des fenêtres situées côté sud, éclaboussant les lieux d’une lumière chaude et accueillante.
Je rencontrais les membres du RAIDDAT, un organisme pour la défense des droits en santé mentale. Au départ, en vertu d’une entente avec le pair aidant, Jean-François Delisle, j’allais parler de ma démarche d’artiste peintre et d’écrivaine, en montrant des photos de mes œuvres et en lisant des passages de mes romans. Cependant, je pris conscience que la majorité des personnes présentes étaient fragiles. L’une dit en entrant que ça n’allait pas du tout, l’autre souffrait d’un mal de dos intense qui le força à quitter bien avant la fin du processus, et un troisième souffrait d’un déficit d’attention. Il dit bien honnêtement, en riant : « Je ne sais pas si je vais retenir vos lectures. »
Alors je pris l’initiative de partager mon expérience personnelle sur les problèmes de santé mentale. Mon grand-père qui termina sa vie dans une institution psychiatrique dans la région de Québec, les cas de déficit d’attention et de tendance schizophrène parmi les membres de ma famille qui ont souffert également d’abus de consommation d’alcool et d’autres substances. Je parlai aussi de la mort de mon fils en lien avec cette hérédité aux allures de malédiction.
J’ai senti que l’attention du groupe tournait autour du fait que je n’avais pas de signes manifestes de ces expériences douloureuses. Nul ne posait de question directe, les regards interrogateurs disaient l’essentiel.