Révélatrice de sens et complice à son habitude, Sonia Cotten a rodé deux nouveaux textes lors de la dernière soirée de la série ​Femmes de paroles, organisée depuis le début 2014 par Nancy R. Lange à la Médiathèque Gaétan-Dostie de Montréal. Mme Lange choisit une poète, qui elle-même choisit une poète auprès de qui elle trouve écho. À elles deux, elles présentent des extraits choisis de leur répertoire respectif, dans une formule-découverte sans prétention.

L’occasion fut pour Cotten de toucher le public averti avec Delta H et Moteur, deux longs poèmes en prose, qui feront partie d’un tout nouveau recueil à paraître en 2015 chez Poètes de brousse, le quatrième. Fidèle à elle-même, c’est à une représentation que nous a conviés Sonia Cotten, bien plus qu’à une lecture publique. Naturelle sur scène, captivante, drôle, en maîtrise de l’espace scénique, elle réussit à faire en sorte que chacun se sente personnellement interpellé. De plus, nous étions en présence d’une poète qui a transmis des textes qui nous parlaient. Qui nous parlaient de nous. Et à chacun d’entre nous.

La complicité évidente avec la poète invitée par Cotten, Suzanne Jacob, originaire d’Amos, a plu au public qui s’est esclaffé à nombre de reprises à l’ombre des réflexions engendrées par cette poésie bien affinée. 

Le travail qu’elle fait présentement avec le comédien/metteur en scène Alexandre Castonguay paraît tout en finesse, avec quelques éléments très délicatement placés aux bons endroits. Nous la connaissions avec une poésie plus rock, batailleuse; nous allons la découvrir bientôt plus dépouillée, mais également plus audacieuse grâce à ce que permet l’expérimentation et la maîtrise du « spoken word ».

Les nouveaux textes seront ainsi travaillés afin que la poète puisse présenter dans les mois qui viennent des suites de textes mis en scène, à présenter dans des festivals et événements littéraires, théâtraux ou performatifs. En 2015-2016, l’on s’attend ainsi à une Cotten mise en scène alliant habilement lecture et jeu théâtral. 

Les suites de textes, comme de longs monologues, sont chapeautés de ces noms de travail: Delta H, Moteur, Sens et souffle, Rock chrétien, Nord-américaine misère, La compréhension de ces derniers et Mi-cuisse. De quoi songer… ou plutôt  survoler une lecture du monde à dos d’oiseau de proie, de chevreuil ou d’animal fantastique, rappelant brutalement doucement qu’il est primordial de conserver le sens de l’indignation, puisqu’il contient le mot « digne ».

* Le « spoken word » est une façon particulière d’oraliser un texte, qu’il soit poétique ou autre. Il comprend souvent une collaboration (ou expérimentation) avec d’autres formes d’art comme la musique, le théâtre ou la danse. Cependant, le « spoken word » se concentre essentiellement sur les mots eux-mêmes, la dynamique et le ton de la voix, les gestes, les expressions. 

Source : wiki


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