La valeur d’un groupe dépasse la somme de ses individus. L’harmonie est essentielle dans toute forme de création qui implique un collectif, et cela prend toujours une personne hors norme pour rassembler et orchestrer le travail du groupe. On pense à des entraîneurs, à des chefs d’entreprises ou à des enseignants qui vont plus loin que ce que leur demande leur simple description de tâche.

Le documentaire Danse avec elles de la réalisatrice et professeure au cégep de l’Abitibi-Témiscamingue Béatriz Mediavilla était présenté devant la salle toujours comble des dimanches après-midi du FCIAT. On connaît la forte tendance des gens de la région à se mobiliser autour des projets artistiques de nos créateurs locaux, et le même phénomène s’est produit ce jour-là au Théâtre du cuivre.

La caméra de Dominic Leclerc, directeur photo pour Danse avec elles, s’est posée pendant un an sur cet espace clos qu’est l’école PRELV, située à Rouyn-Noranda et dirigée par Lynn Vaillancourt, pour nous permettre un regard discret et presque interdit sur un univers exclusivement féminin et jeune. Sous la supervision de leur professeure, les jeunes filles y découvrent ce que peut exprimer leur propre corps en mouvement, mais elles apprennent surtout à se mouvoir en groupe, sur une scène autant que sur la terre ferme, comme quoi la découverte de soi passe nécessairement par la découverte de l’autre, et vice versa.

Lynn Vaillancourt tient mordicus à créer dans son école un lieu de communion pour le bien de leur art comme pour celui des filles qui y dansent. Ce que l’on saisit de son approche, c’est qu’il est difficile de créer un spectacle de danse si le groupe n’est pas parfaitement soudé, et pour ce faire, la communication et l’assiduité sont primordiales. Une fois ce principe acquis par les danseuses, leur engagement dans le groupe se voit accru et cette école devient plus qu’une école de danse, vous me voyez venir, elle devient une école de la vie.

On passe beaucoup de temps avec les élèves pendant leur cours. La caméra capte le mouvement qui peut s’avérer plus loquace que la parole, puisque l’art existe de par ces choses qui ne peuvent s’exprimer autrement. Ces mouvements parlent parfois de gêne, parfois d’assurance, de doute puis d’enthousiasme. Béatriz Mediavilla a sciemment fait ce choix d’une approche esthétique plutôt que verbale et didactique. Tourné en noir et blanc et en laissant de longs plans au montage, la plastique du film n’est pas sans rappeler Black Swan, de Darren Aronofski, naturellement sans l’aspect moralisateur de celui-ci.

La réalisatrice a su faire confiance à l’intelligence émotionnelle du spectateur pour saisir le propos de son film. Le long-métrage Danse avec elles en est donc un à regarder avec « les yeux du cœur », comme nous l’aurait suggéré un certain Gerry, et il aurait sûrement ajouté que l’on gagnerait tous à être « plus sensible à l’invisible ».

Danse avec elles est toujours à la recherche d’un distributeur. Si vous l’avez manqué à sa sortie au FCIAT et au cinéma Paramount de Rouyn-Noranda, patientez pour une sortie en DVD.


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