Portrait d’un coopérant de Roquemaure

Marcel Mainville… quand un village génère des coopérants

 

// Guillaume Beaulieu

Un des chef-lieux du coopératisme régional est sans aucun doute le charmant village de Roquemaure en Abitibi-Ouest. Dès 1935, le curé fondateur Couture incitait les paroissiens à la coopération, à grand renfort d’envolées épiques à la messe du dimanche. Les ancêtres de Marcel Mainville ont été parmi ceux qui y ont cru dès le début. Travaillant d’arrache-pied à se gagner un avenir collectif meilleur, ils ont marqué leur progéniture par leur engagement. C’est dans cette suite logique que le jeune Marcel a grandi.

Le village de Roquemaure a formé une génération de coopérants jusque sur la Côte-Nord par les chantiers coopératifs. Marcel Mainville y a connu, au cœur de la pleine période de montée du mouvement des années 50, les chantiers coopératifs. Cette forme coopérative d’exploitation forestière a incarné, d’une certaine façon, le besoin des habitants de l’époque d’améliorer leur sort au cœur même de l’industrie forestière qui n’était pas toujours tendre à l’égard des colons de l’Abitibi-Témiscamingue.

En 1959, la coopération a pour effet d’améliorer considérablement ses conditions de travail en passant, en une année, d’un salaire de bûcheron déjà respectable de 8 $ / jour à 21 $ / jour dans un chantier coopératif au nord du très coopératif village de Guyenne.

Comme sa femme et ses enfants lui manquent, il ensuite revient au village pour travailler comme commis-boucher au magasin du Syndicat coopératif de Roquemaure, une véritable institution des lieux.

On ne brise pas un cercle si facilement

 

Si en 1966 le magasin commence un lent déclin, Marcel Mainville se réoriente pour devenir agent de la faune, métier dans lequel il investira 30 ans de carrière. La situation exige qu’il déménage à La Sarre, puis à Senneterre en 1974, avant de revenir à La Sarre en 1981. En 1992, il retourne à ses racines roquemauriennes qu’il chérissait tant, en allant se coller à l’esprit de ses aïeux. On ne brise pas un cercle si facilement!

Convaincu que les gens du village, conquis par la formule, ont encore plus de facilité à se retrousser les manches que ceux des villages voisins qui n’ont pas connu un coopératisme aussi fort, il revient avec une idée. Marcel Mainville persiste et signe.  Il sort à peine d’une grande tournée villageoise avec des collègues pour mesurer l’intérêt des citoyens à racheter le dépanneur-poste d’essence du village afin de démarrer une nouvelle coopérative de consommation. La réponse du milieu est très concluante. Après des années de vaches maigres dans le coopératisme de Roquemaure, tout semble renaître. Vraiment, on ne brise pas un cercle si facilement! L’Abbé Proulx l’avait bien dit jadis : « Roquemaure, vous êtes ce que nous sommes de meilleur! »


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