L’exposition Présence absence est le premier aboutissement d’un projet de recherche passionnant mené par Katia Martel depuis plus de deux ans, sur des collectivités disparues de l’Abitibi. Elle est présentée au Centre d’exposition de Val-d’Or du 14 mars au 27 avril, puis la poursuite du projet la mènera au Centre d’exposition d’Amos, du 6 juin au 13 juillet.

Depuis la colonisation, la région a vu grandir plusieurs communautés, dont certaines ont été rayées de la carte suite à la fermeture des entreprises principales, à une catastrophe naturelle ou encore à la migration des populations vers des villes voisines. Katia avait, au départ, le désir de ramener à la mémoire collective l’existence de ces sites. Elle souhaitait collaborer avec un artiste utilisant un autre médium comme l’image ou la vidéo. Marc Boutin a été touché par ce projet qui évoquait la force et l’espoir d’avenir pour des individus, des familles, dont il ne reste aujourd’hui que des traces parfois rendues proches de l’invisible : « La nature a souvent tout repris, ça fait travailler l’imaginaire, le souvenir de ce qu’il reste. »

Des recherches poussées ont été menées tout d’abord auprès de la Commission de la toponymie du Québec et de l’Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue pour repérer ces lieux disparus à travers toute la région, puis dans les archives des sociétés d’histoire régionales, ou encore à la Banque d’archives nationales du Québec à Rouyn-Noranda. À cela se sont ajoutées des fouilles sur le terrain ainsi que des rencontres avec des témoins de ces sites. Les deux artistes ont été touchés par le grand contraste entre le passé et le présent de ces portions de territoire.

À l’heure actuelle, 35 sites disparus ont été recensés par Katia à travers toute la région. Elle sait cependant que la liste va s’allonger encore. Le projet et l’exposition sont donc en mouvement et les sites qui ont servi à l’exposition présentée au Centre d’exposition de Val-d’Or sont ceux de Pascalis (1944)[1], Barville (1978), Le Petit-Montréal (fin des années 1930), Roc d’Or (1947), Castagnier (pas de certitude sur la date de fermeture de ce village) et Joutel (1998, qui appartient au Nord-du-Québec).

L’exposition mise sur cette imbrication-hybridation entre le passé et le présent, entre la présence et l’absence, l’ombre et la lumière. Le territoire est en mouvement perpétuel, rien de ce que l’homme n’érige n’est permanent : hier un village de 400 familles, aujourd’hui une belle forêt! Les artistes tiennent toutefois à rappeler qu’il ne s’agit pas d’une exposition historique.

Il en résulte une exposition de trois installations. La première est une série d’une quinzaine de bijoux contemporains réalisés à partir des matériaux trouvés sur les sites et présentés « comme un inventaire remanié ». La seconde installation est un jeu d’ombres entre des bas-reliefs suspendus faits de matières récupérées et des images projetées captées sur le terrain. Enfin, la troisième installation présente une multitude de petites broches ou médaillons qui superposent des images d’archives et des photos prises sur le terrain.

[1] Il s’agit des dates de fermeture de ces sites


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