Tombe la nuit (extrait)
Cherchant à fuir au plus vent
Au plus temps de fuir
Je sonde la vie à ta bouche
Seule subsistance
Les lèvres où giter
– Jonathan Barrette, Fuir au plus vent, Éditions du Quartz
Hors des faisceaux faire attention
Gare de Senneterre point de salut
Trapézistes saouls
Aux câblages du cerveau
Voies ferroviaires
Lâcher du leste
– Sonia Cotten, Ovalta, Poètes de brousse
VACANCY TONIGHT
Je suis touchée
Parallèle
Et sans issue
– Louise Desjardins, Les verbes seuls¸ Éditions du Noroît
Souffles no 33
Ici,
La vie étant ce qu’elle est
On peut pratiquement tout y changer
Car
Dans mon pays
l’été c’est beau
Surtout en hiver
– Maurice Duclos, Appartenances, édition à compte d’auteur
La mort et l’amour (extrait)Et un jour j’étais l’amour
Et le lendemain je voyais la mort
Vêtue de ses habits d’or
– Raoul Duguay, Kébek à la porte, Stanké
Si tu vois les foudres intactes
Gonfler le ciel
Crie mon nom
Que je quitte l’arbre
Qui leur a été promis
– Suzanne Jacob, Les Écrits de l’eau, Hexagone
XXX
Encore une fois
ta bouteille de parfum ouverte
des livres de Paul Auster dans l’escalier
tes sous-vêtements partout sur le lit
des photos de nous sur la table de la cuisine
la liste « to do » de la journée
trois petit x sur un bout de papier
Tu m’as laissé
ton numéro de téléphone juste au cas où
– Nicola Lauzon, Géographie de l’ordinaire, Les éditions du passage
Ses yeux rampent à l’aise
sur son corps alangui
Il se rêve serpent
Soierie et poignard
Il se love à elle
jusqu’à l’extase
– Margot Lemire, Déparlures, Éditions Meera
Elle tient le vide
Entre ses mains
Ouvertes vers le ciel
Elle n’a plus de manteau
Son ombre glisse sur l’eau
– Michel X. Côté, Tout l’air alentour bat, Écrits des forges
Bonjour ma fille
toute neuve dans la neuve existence.
Tes joues sans sel,
nous les gourmandons nous deux.
Je te porterai jusqu’à la lune
dans ma main.
Raymond Godard, Retour de l’éloignement, Éditions Asticou
Nos grands-mères brodaient
La vie quotidienne
Au long de la sérénité
Des mains habiles.
Nos grands-pères portaient
La survie des lendemains
sous les traces rapides
des animaux à sacrifier.
Nous savions être pères et mères.
Virginia Pésémapéo Bordeleau, De rouge et de blanc, Mémoire d’encrier
Je suis toute à elles
Irriguée par les eaux vivantes
Les couleurs hurlent échos écarlates transperçant la terre
Et leur éclat se perd dans les étoiles
Virginia Pésémapéo Bordeleau, De rouge et de blanc, Mémoire d’encrier