L’été fut, pour moi, tout ce qu’il a de plus zen et chatoyant. Puis voilà que la « rentrée » me rentre dedans. Est-ce la lumière qui se retire jour après jour de nos cieux? Est-ce le froid qui prend sa place? Sans doute un peu… Il y a surtout le fait de me joindre à nouveau à la réalité planétaire dont je m’étais retiré en fermant les appareils (radio et télévision) pour les vacances. Je devrais plutôt écrire : la réalité humaine et ses conséquences. Ce n’est présentement pas ce qu’il y a de plus inspirant pour qui est en quête d’équilibre. Ça m’a figé comme une première gelée! Je cherche une lueur à laquelle m’accrocher pour faire face au chaos.

Il y a toutes ces espèces dont la survie est menacée et celles disparues depuis notre conquête de la création. Les océans se vident de poissons pour se gonfler de plastique. La terre, notre unique vaisseau, devient lentement une tente à suer dont nous ne pouvons sortir. Les pôles fondent et l’eau potable se raréfie. Toute cette mer de maux dont on se détourne afin de ne pas ralentir notre « fantastique » course vers le progrès. Cette fameuse course qui dépasse toute logique et qui passe avant la vie. Et tous ces tourments, tout près de nous, sur lesquels nous refusons de nous arrêter.

Au moment où j’écris ces lignes, les États-Unis envisagent d’outrepasser l’ONU pour attaquer la Syrie, déchirée par une guerre civile qui a déjà fait plus de 100 000 morts, beaucoup plus de blessés et encore plus de déplacés. Il est question d’une nouvelle guerre froide. Ça c’est dans l’actualité mais on se bat toujours en Afghanistan, au Darfour, en Somalie, au Congo, etc. Sang, peine et mort : c’est ça la guerre. Parait que c’est humain…

Éthylisme pétrolier, névrose d’achats crédités et bonheur préfabriqué… sans intérêts la première année. Tous ces divertissements à la carte destinés à pour mieux nous noyer dans notre dérive collective. N’y a-t-il pas plus de vingt ans qu’on répète qu’il est minuit moins cinq? Et si l’équinoxe de notre autodestruction était déjà franchi? Et si c’était l’automne de l’humanité? Après ça sera l’hiver…

Je ne suis vraiment pas pessimiste de nature mais il m’importe tout de même de voir clair. Alors que j’étais reboiseur, le matin, je regardais toujours le terrain sur lequel j’allais travailler pour la journée, histoire de bien comprendre dans quoi je m’engageais. On parlait de « crème » si le terrain était « facile » et de « terrain sale » lorsque les arbres et les branches mortes nuisaient au travail. C’est un peu ce que je viens de faire, en quelques lignes, sur ce début d’automne.

Je cesse d’écrire, lève les yeux du clavier et fixe ce qu’il y a de plus précieux pour moi. Je m’interroge sur la façon dont il faudra aborder tout ça ensemble. Le terrain est immense et la tâche apparait impossible à réaliser tellement nos dégâts sont importants. Puis un rayon m’interpelle :

Pourquoi tu me regardes comme ça? demande-t-elle. Ah oui, laisse faire, je sais… : moi aussi je t’aime papa!


Auteur/trice