Deux cinéastes d’origine abitibienne ont reçu un coup de pouce financier de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) pour la scénarisation de leur prochain film. S’ils comptent explorer des univers bien différents grâce aux 5000 dollars octroyés via le programme «jeunes créateurs», Sophie Dupuis et Simon Plouffe portent tous les deux des sujets qui devraient trouver une oreille attentive dans la région.

Elle fait de la fiction, lui du documentaire. Elle se présente pétillante et fonceuse, lui paraît plus posé, réfléchi. Elle vient de Val-d’Or, lui de Rouyn-Noranda. On pourrait croire que tout les sépare… Mais leur passion du septième art, qui a forcé une première rencontre à l’École de cinéma de l’Université Concordia, fait à nouveau se croiser leurs chemins pour discuter des projets qui pourraient découler des subventions reçues.

Simon parle le premier, invité par Sophie qui lui demande d’emblée le sujet de son documentaire. «C’est sur les langues en voie de disparition. J’ai décidé de me concentrer au Québec, où il y a 11 langues autochtones [plus ou moins fragiles]. Je veux travailler sur les musicalités, comment ces langues sonnent», résume le concepteur sonore et preneur de son. «C’est un travail de recherche sonore, mais aussi du côté de la forme; je ne veux pas faire des entrevues assises. Je veux expérimenter, développer un thème à travers une idée. C’est un peu prendre le sujet à l’inverse, ce qui se fait un peu moins en documentaire au Québec», explique celui qui avait privilégié une trame plus conventionnelle dans L’Or des autres, son précédent film sur les turbulences humaines vécues à Malartic dans la foulée de la construction de la mine Osisko.

Sophie enchaîne qu’elle souhaite aussi aborder le sujet des mines dans son long métrage de fiction. «Moi, ce sont les humains qui travaillent sous terre qui m’intéressent. Les gars, comment ils sont entre eux, l’amitié; il se crée vraimentdes liens particuliers. […] Et aussi les conséquences physiques que ça peut occasionner de travailler sous terre», explique la cinéaste de 27 ans qui a déjà présenté son court métrage Faillir en première au Festival international du film de Toronto ainsi qu’au marché du film en marge du Festival de Cannes. «Clairement, l’Abitibi, c’est beaucoup là-dedans que je vais chercher les sujets qui m’intéressent», poursuit celle qui souhaite tourner dans la région. «C’est non négociable [cette fois-ci, contrairement à Faillir], parce que c’est vraiment inspiré du mode de vie de l’Abitibi. Sinon, on dirait que je trouverais ça irrespectueux envers la région.»

Il faudra patienter encore quelques années avant de voir ces films sur nos écrans, les deux cinéastes s’engageant dans une démarche de longue haleine que les sous de la SODEC mèneront juste un peu plus loin. Pour ceux qui souhaiteraient accélérer le processus, sachez qu’ils sont toujours à la recherche de producteurs…