Nous oublions que la créativité fait partie de la vie ordinaire. Qu’est-ce qui nous empêche d’en faire tous les jours, simplement? Les vacances, la rentrée… Je vous propose un petit jeu de réhabilitation du plaisir de créer. Je m’adresse à monsieur et madame tout le monde. Vous n’avez besoin de rien si ce n’est, pour cette fois, d’un papier et de crayons feutres de couleurs. Je vous invite à ramoner votre conduit créatif, à un retour innocent vers votre source d’inspiration.

Le trait libre à deux mains. Mettez une feuille blanche devant vous et prenez un crayon feutre de couleur différente dans chaque main. Respirez profondément et déposez les deux pointes de vos feutres sur le papier. Ne pensez à rien et dessinez L-E-N-T-E-M-E-N-T et de façon symétrique. Vous pouvez aussi y aller à l’aveugle (les yeux fermés). Prenez le temps de sentir et d’entendre le feutre sur le papier. Utilisez toute la page de bas en haut et de gauche à droite. Croisez vos mains et échangez les feutres. Si une image vous vient à l’esprit, dessinez-en les contours. Regardez maintenant votre dessin et souriez. Ajoutez des points, des couleurs, des lignes, coloriez des espaces entre les lignes selon votre bon plaisir.

Qu’avez-vous senti en faisant cet exercice? Avez-vous réussi à faire taire votre bavardage mental? Avez-vous réussi à rester dans le moment présent tout le temps du dessin? Est-ce que ce dessin vous apprend quelque chose sur vous-même? Y a-t-il un lien entre ce dessin et vos préoccupations actuelles?

L’art est alchimie. Il permet d’utiliser l’ordinaire et d’en faire de l’extraordinaire. Il est préférable de faire une toile, un film ou un livre que de se créer un drame personnel. Les artistes nous apprennent qu’il est possible de garder les splendeurs et les horreurs dans un cadre, qu’il existe un lieu où tout peut être trié et classé par genre, par courant. Les artistes se servent de leur petite vie ordinaire, de leurs émotions, de leur vécu pour les transformer en œuvre d’art. Nous pouvons les remercier d’un tel partage car nous y retrouvons souvent notre compte.

On peut dire que les artistes sont des intervenants sociaux qui permettent et autorisent l’anarchie. Lorsque nous allons directement à la source, nous créons quelque chose de nouveau qui n’existerait pas sans nous. Être créatif permet d’agir au lieu de réagir. C’est pourquoi, à mon avis, faire de l’art est thérapeutique même si ce n’est pas une thérapie.


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