«[…] je ne vois plus personne, j’ai les jambes pleines de poils, j’ai quatre brassées de linge à plier, mais il y a une petite boule d’amour toute chaude qui passe ses journées, collée sur moi et pour qui je représente absolument tout. J’ai donné la vie, je suis une super woman!» C’est le genre d’histoire que cherche l’artiste peintre Martine Savard pour son tout nouveau projet Corps joyeux et chair sauvage dans le cadre du Fonds des arts et des lettres de l’Abitbi-Témiscamingue et qui réalisera le tout avec la participation du Centre Entre-Femmes de Rouyn-Noranda.
C’est dans sa maison remplie à craquer d’œuvres d’art de toutes sortes que Martine m’accueille. Aussitôt bien installées au salon, elle me parle de femmes, d’hommes, d’isolement, de lumière et d’Abitibi. Originaire de Montréal, longtemps résidente de Matagami, elle travaille actuellement à la réalisation de cinq livres d’artistes et de 60 petits tableaux. «Je sollicite les femmes des alentours afin d’accumuler leurs histoires, leurs anecdotes, leurs confidences, etc.» Depuis février, et ce jusqu’en juin, l’artiste récolte les feuillets qu’elle sème ici et là. Déjà, plusieurs lui racontent des histoires par rapport à leur mère, des faits cocasses ou encore des histoires moins heureuses.
Cinq femmes pour un homme «Qu’est-ce que les femmes font en région? Pourquoi elles sont ici? Pourquoi elles restent ici?» Ce sont des questions que se pose Martine, car selon elle, ce n’est sûrement pas pour les garçons. «On s’enfarge dans les filles icitte!», m’a-t-elle confié en riant. Pour elle, c’est la lumière. «La lumière ici c’est comme aux Bahamas!» L’artiste a fait de nombreux voyages, mais toujours elle est revenue en Abitibi. «J’aime ça déblayer la neige es…!, 1 h à 2 h, ça m’fait mon workout cal…!».
L’art isole
Selon Martine, l’art isole et l’Abitibi est une région isolée, voire insulaire. Elle croit que plusieurs femmes sont seules en région et elle tentera de peindre cette réalité dans ses livres d’artistes alors qu’elle sera elle-même confinée dans son atelier. Cinq livres aux pages épaisses qu’elle a soigneusement reliées à la main. De la broderie à l’embossé, en passant par la peinture, tout est permis. Elle se laissera guider par les histoires des femmes de la région pour écrire leur histoire sur les pages de ces livres qui seront exposés à Rouyn-Noranda en 2014, et à Arras, en France, dans le cadre de la 10e Biennale du livre d’artiste, où elle est invitée.
Une mosaïque de femmes
On reconnaît le travail de Martine Savard un peu partout en région grâce à son projet Et pourtant dans le monde il y a… pour lequel elle avait réalisé une mosaïque. Elle récidive avec Corps joyeux et chair sauvage pour lequel elle souhaite produire 60 petits tableaux de bois de 15 x 15 cm, toujours selon les différentes histoires qu’elle recevra. Cette mosaïque sera exposée au centre Entre-Femmes lors d’un dîner interculturel.
Femme ou homme, racontez-lui vous aussi votre histoire de femme, à son adresse courriel : martinesavard@mail.com \