Au début des années 2000, on décrivait Mario Peluso comme un chanteur peignant ses états d’âme de Québécois errant. Un peu plus d’une décennie plus tard, Peluso revient plus rêveur que jamais.


«Les rêveurs de ce temps n’ont pas nécessairement la cote. Pourtant, ce sont les gens qui rêvent qui changent le monde. Martin Luther King était un rêveur. On l’a vu aussi avec les artisans du printemps érable. Il ne faut pas arrêter de rêver parce que sans les rêves, que sommes-nous?» raconte-t-il dans une entrevue téléphonique.


Ses chansons, en Abitibi-Témiscamingue, on les connaît. Qui n’a jamais fredonné les accords de la célèbre Témiscaming en rentrant au bercail après une longue absence? Dans ses textes thématiques engagés d’ouvrières, de gars de chantier, de filles au salaire minimum, l’imagerie mentale est très sollicitée. «J’écris des chansons qui parlent de mon pays. Ça compense l’absence. Je le fais, pas pour y revenir nécessairement, mais plutôt pour m’en guérir.» Une poésie de village, une nostalgie qui fait sourire, qui est le moteur de sa création et qui alimente sans cesse l’imaginaire, parce que les souvenirs sont une ressource inépuisable.

L’album
Ça faisait sept ans que le projet était en branle et après quelques remises en question, l’idée s’est concrétisée. «Les chansons, c’est un peu comme les fleurs, ça leur prend du temps, il faut les laisser grandir pour qu’enfin en émerge quelque chose de beau. On le sait qu’on est proche de quelque chose, mais on n’est pas rendu encore», relate Peluso.


Un album hommage à sa jeunesse, à son pays, le Témiscamingue. Un album aussi largement influencé par la première musique qu’il a côtoyée dès son enfance à Angliers. Ces hommes de chantier, loin de se proclamer artistes, des «tappeux de pieds», des «violoneux», qui se sont approprié la musique à leur façon, c’est auprès d’eux que Peluso a appris ses premiers accords. Ces sonorités folkloriques sont revisitées sur le disque avec une touche de mandoline, banjo, harmonica; mais attention, c’est un album folk avec des couilles, comme le précise Peluso lui-même. On aura droit à quelques pièces plus rock, mais sans tomber dans les clichés country. Chaque pièce est régie par un fil conducteur, comme si l’album racontait une histoire. «Je dirais même que c’est un opéra-folk si j’étais prétentieux», s’exclame Peluso en riant à l’autre bout de la ligne.


Juste un autre beau rêveur, c’est un résumé des dix dernières années de sa vie où il a su poser un regard nouveau, plus sage, sur les personnages de son passé qu’il redécouvre aujourd’hui. Plutôt que de prendre des sujets d’actualité pour en faire des chansons qui meurent trop vite, Peluso préfère se pencher sur des gens qui ont réellement vécu pour qu’elles ne meurent jamais.
Cette nouvelle épopée s’amorcera le 7 février au Témiscamingue sur les planches du Rift, avec le lancement du nouvel album. Pour 2013, souhaitons à ce Témiscamien de cœur toute une série de spectacles et qu’à la fin de l’année, tout le monde sache qui est ce beau rêveur.