Encore au début du 20e siècle, les Algonquins vivaient selon leur mode de vie traditionnel. La colonisation, l’exploitation minière et forestière ainsi que la construction du chemin de fer Transcontinental auront raison du nomadisme de ce peuple. Afin de se protéger contre cet envahissement de leurs terres, les Algonquins du lac Abitibi demandent la protection du gouvernement canadien sous forme d’un traité.


De 1902 à 1906, des émissaires du gouvernement sillonnent les territoires du nord de l’Ontario et de l’Abitibi-Témiscamingue, pour conclure des traités avec les Autochtones vivant au nord de la ligne de partage des eaux. En 1905 (le traité sera signé le 7 juin 1906 au fort Abitibi, Québec, sans la présence de représentants du gouvernement québécois), pressé de conclure un traité avec les Autochtones de l’Abitibi et conscient que ce groupe sera divisé par les frontières provinciales, le gouvernement fédéral conclut une entente avec les Algonquins du côté ontarien, en leur offrant les mêmes engagements que ceux des traités Robinson de 1850 qui consistent en formation de réserves, en versements d’annuités (rentes) et en services de santé et d’éducation.
À l’époque, le gouvernement québécois considérait que les droits ancestraux avaient été éteints par la Proclamation royale de 1763 (première constitution anglaise après la Conquête). Il maintenait aussi que le seul fait de négocier pouvait être interprété comme une reconnaissance de ces droits ancestraux.


Deux conseils de bande sont constitués au lendemain du traité, un pour les Algonquins du Québec et un pour ceux de l’Ontario, mais on est incapable de trouver un endroit pour établir une réserve destinée aux Indiens du lac Abitibi du côté québécois. En 1908, une entente entre le gouvernement fédéral et les Algonquins de l’Ontario permet à ces derniers d’intégrer dans leur bande les Algonquins de l’Abitibi qui sont alors identifiés sous le terme «Abitibi-Dominion».


En 1951, les Algonquins de Wahgoshig (Ontario) et ceux d’Abitibi-Dominion (Pikogan) sont devenus deux bandes distinctes, ce qui forcera les Abitibi8innik à squatter autour des villes de Senneterre, La Sarre et Amos. La bande québécoise continue à fréquenter le lac Abitibi jusqu’en 1956, mais choisira de se fixer près d’Amos à cause des commodités qu’elle présente et en raison de la proximité de l’Harricana. En 1955, la scolarisation obligatoire des enfants sera aussi un élément déterminant dans la sédentarisation et elle n’est pas étrangère à l’acquisition d’un territoire par la communauté algonquine de ce qui sera désigné, à partir de 1963, sous le vocable de Pikogan.


Ce texte est un condensé d’un article paru en 2008 dans La Petite Gazette sous la plume de Margot Rankin