Depuis 2002, le FME s’est donné pour mission de « favoriser la diffusion de musique originale et l’émergence de sa jeune relève ». Considérant la mesure limitée des moyens du festival, on peut dire que la mission s’accomplit rondement depuis 10 ans… même au-delà de la région!


« La scène locale était déjà très effervescente il y a 10-12 ans, mais nous voulions que cette effervescence rejaillisse sur l’Abitibi-Témiscamingue. Il s’agissait de faciliter la circulation du spectacle au Québec, de permettre aux groupes émergents de développer leur public en région », explique Sandy Boutin.


Le chroniqueur et recherchiste de Bande à part, Félix B. Desfossés, croit quant à lui que la proximité entre musiciens et mélomanes qui caractérise le festival rend non seulement l’échange plus « trippant », mais qu’elle contribue aussi au « rayonnement de Rouyn-Noranda, de la région », pas seulement à celui de la relève musicale. « La ville est devenue un pôle culturel du Québec et elle a, en un certain sens, pavé la voie pour que d’autres régions se dotent de leur propre festival de musique en osant davantage. » Il pense entre autres au Festival de l’Outaouais émergent (2007), au Coup de grâce musical de St-Prime (Saguenay-Lac St-Jean; 2008), ou même au Festival musical indépendant Diapason (Laval, 2008).


Si ces nouvelles opportunités offertes à la relève peuvent à la rigueur constituer des retombées indirectes du festival, la petite équipe du FME n’hésite pas non plus à s’impliquer directement pour faire la promotion de la diversité musicale. En septembre dernier, la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, profitait d’ailleurs de son passage à Rouyn-Noranda pour annoncer la mise à niveau de cinq salles de spectacles de la province à travers un projet pilote né d’une étude sur les lieux de diffusion émergents en région, menée par Sandy Boutin et ses acolytes.


De nombreux professionnels de l’industrie de la musique — maisons de disque, programmateurs d’évènements, distributeurs, etc. — et journalistes spécialisés (dont certains sont invités par l’organisation) débarquent par ailleurs chaque année au festival. « Le FME est un peu devenu une sorte de baromètre des nouvelles tendances. C’est l’une des meilleures programmations de musique émergente. C’est non seulement «hot» d’y jouer, mais c’est aussi un défi : on veut faire partie des shows qui se démarquent, parce qu’on sait que de bien paraître peut avoir une incidence très positive, et aussi parce que le contexte fait qu’on joue devant plusieurs bons musiciens. Ça crée une belle bulle », explique Yann Perreau.


En période hors festival, l’organisation fréquente elle-même plusieurs festivals. Outre le fait que cela facilite la promotion des artistes d’ici à l’étranger, cela a également permis au FME de se positionner au centre d’un réseau susceptible de l’alimenter. « C’est du donnant-donnant. On reste un petit festival. Mais on fait des actions à la mesure de nos moyens; on voit ça comme une boite à outils. Mais on tient, à travers tout ça, à garder notre indépendance », de conclure Sandy Boutin.