L’architecte Guy Leclerc aime le bois. Et on ne parle pas des traditionnels 2×4, mais plutôt de poutres en lamellés collés qui ont de nombreux avantages pour les bâtiments, l’environnement et l’économie locale.
Ces poutres, produites par Chantier Chibou-gamau, sont faites à partir de têtes d’épinettes, qui jadis étaient jetées. On assemble des petits blocs les uns aux autres jusqu’à obtenir une pièce de la grandeur voulue. Ce procédé confère au matériau une résistance supérieure à celle de l’acier ou du béton. « En cas de séisme, le béton va casser, tandis que le bois va plier », d’expliquer Guy Leclerc. Le bois est aussi un puits de carbone très intéressant pour contrer l’effet de serre. Un mètre cube de béton ou d’acier produit une tonne de CO2, tandis qu’un mètre cube de bois stocke cette même tonne de CO2.
L’homme a un parcours marqué par son intérêt pour le développement durable. Diplômé de l’Université Laval en 1978, il dessinait déjà des projets de bâtiments solaires pendant ses études, bien avant le mouvement actuel vers les énergies propres. Depuis qu’il a démarré sa propre entreprise, son intérêt pour des constructions en plus grande harmonie avec la nature ne s’est pas démenti. « En ce moment, la mécanique prend beaucoup de place dans la conception des bâtiments, explique Guy Leclerc. On utilise la climatisation alors qu’on vit dans une région nordique et qu’il ne fait chaud que quelques semaines dans une année. Pour ma part, quand je dessine un édifice, je préfère lui mettre des fenêtres hyper-performantes, qui s’ouvrent et laissent entrer l’air frais. » Sa firme a dessiné le premier projet certifié LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) argent de la région : la station agroalimentaire de l’UQAT à Notre-Dame-du-Nord.
On n’est pas sortis du bois…
Depuis quelques années, Guy Lecler tente de faire changer les règles de la Régie du bâtiment qui plafonne les projets à structure en bois à moins de 4 étages et lui refuse le permis pour réaliser un 45 logements de 6 étages, sur la rue Mgr Rhéaume Ouest. « Leur argument, c’est que le bois brûle facilement. Or, les structures de bois sont tellement denses qu’elles ne s’enflamment que très difficilement, surtout qu’elles sont la plupart du temps recouvertes de gypse. L’acier va ramollir et plier avant que les poutres ne prennent feu! » soutient M. Leclerc. S’il parvient à son but, le marché régional du bois et l’environnement ne pourront qu’en être avantagés. « On est une région forestière et ça nous ouvrirait un marché incroyable s’il se faisait plus de structures en bois », conclut l’architecte. \