Le 11 mars prochain, la Valdorienne d’origine Paule Baillargeon se verra remettre le prix hommage à l’occasion de la 14e soirée des prix Jutra, en reconnaissance pour son apport exceptionnel à la cinématographie québécoise.
On connaît Paule Baillargeon surtout pour son travail de comédienne : on a en effet pu la voir tant à la télévision qu’au cinéma (sous la direction des Gilles Groulx, Denys Arcand et Claude Jutra) et au théâtre (notamment dans Un oiseau vivant dans la gueule, de l’Abitibienne Jeanne-Mance Delisle). Mais elle est également une réalisatrice chevronnée dont la carrière s’étend sur plus de 35 ans, à qui on doit entre autres La cuisine rouge (1980), Le sexe des étoiles (1993) et le récent Trente tableaux (2011), qui prendra l’affiche le 23 mars.
« C’est vraiment fantastique, je ne m’attendais pas à ça! » s’exclame celle qui se croyait trop jeune pour recevoir cet hommage. Elle se dit enchantée par ce premier prix Jutra : « C’est un si beau trophée! Et surtout j’aimais beaucoup Claude [Jutra]. »
Artiste avant tout
C’est comme actrice que Paule Baillargeon est entrée dans le monde des arts, et rapidement, l’envie de réaliser ses propres films s’est imposée, notamment au contact de réalisateurs de talent. « J’ai commencé ma carrière à 23 ans, et à 29 ans je réalisais mon premier film, se souvient-elle. Déjà, au sein du Grand cirque ordinaire [troupe de théâtre avant-gardiste], on faisait beaucoup d’impro, on créait nos propres personnages… Ça m’a donné envie de m’exprimer personnellement. Mais pas par le biais du théâtre : les images m’arrivaient plus facilement que les mots. » Elle affirme aimer le jeu d’actrice, mais pas assez pour courir les rôles à tout prix : « Je crois que je ne suis ni tout à fait actrice, ni réalisatrice, ni peintre. Au fond, je suis une artiste », résume-t-elle.
Images du passé
« La première fois que j’ai vu des images en mouvement, je crois que c’était un film de Laurel et Hardy projeté dehors, au chalet d’amis de mes parents, se souvient-elle. J’avais beaucoup pleuré : je trouvais qu’ils faisaient pitié! » Après vinrent les séances au cinéma, les classiques animés de Disney, les films de cowboys au local des scouts…
Bien qu’elle ne considère pas que ses origines abitibiennes transparaissent dans son œuvre, elle croit néanmoins qu’elles sont ancrées en elle et ont influencé sa carrière. « J’étais une enfant qui adorait la nature, qui était attentive à ce qui s’y déroulait. Au fond, j’ai réussi malgré tout, en restant à l’écart, à l’abri des médias. C’est comme pour les gens de l’Abitibi : on est là, mais un peu à côté, un peu solitaires. »
La réalisatrice en elle aimerait bien retourner à la fiction, mais elle ne ressent pas l’urgence de tourner à tout prix : son dernier film – qui parle de sa vie – et les prix qu’elle a reçus marquent la fin d’un cycle. En attendant, elle prépare avec l’ONF une tournée régionale – chère à son cœur – avec Trente tableaux : « Montrer le film aux gens de Val-d’Or serait spécial pour moi : mon histoire, c’est un peu la leur… »