La polyvalente le Carrefour de Val-d’Or accueille de nombreux élèves autochtones. Après quelques années de cohabitation, plusieurs préjugés persistent toujours. Un petit groupe d’enseignants a décidé, l’an dernier, de faire sa part pour remédier à la situation en créant un nouveau cours sur le sujet. Depuis septembre, l’option Cultures amérindiennes permet à une trentaine d’élèves d’approfondir le sujet.
En 2010, une équipe du Carrefour, soutenue et encouragée par la direction, mijote un projet: offrir une formation spéciale sur la culture autochtone aux étudiants de quatrième et cinquième secondaire. Un groupe d’éducateurs s’y intéressent et peaufinent l’idée afin de dépeindre le mieux possible la réalité des algonquins et autres nations qui peuplent le territoire de la région tout en étant intéressant. Selon Éric Lunam, directeur de la polyvalente, avec le cours, on veut pouvoir démystifier, se rapprocher, échanger, connaître ce peuple silencieux à l’œil ardent qui vit avec nous.
Faciliter le cohabitation
« On parle souvent du faible taux de diplomation des premières nations, on s’est donc demandé ce qu’on faisait pour les aider et c’est là qu’est né le projet », explique Pierre Brin, un des enseignant derrière la création de ce cours. Si l’objectif est évidemment la connaissance d’autrui, il est aussi de valoriser la culture de ces jeunes autochtones – plus de 5% des 1 250 élèves de l’école – qui fréquentent la polyvalente.
La tâche de monter puis d’enseigner ce cours a alors été confiée à Jean-Philippe Pichon. Ce dernier a une formation en histoire, des amis autochtones, un goût pour la pêche, la chasse, la nature et surtout, il est aimé des étudiants. Il a tous les atouts! Dès septembre dernier, le cours a débuté avec 22 inscriptions d’allochtones et 5 autochtones. Un succès pour l’équipe du Carrefour!
D’intéressantes découvertes
À leur échelle, les étudiants font des apprentissages importants. « On y apprend à démasquer les préjugés. Nous n’avons pas l’habitude de la cohabitation », réfléchit Marianne Vallières, l’une des étudiantes du groupe. « Ce cours donne la parole et permet les questions et les vraies réponses. Par exemple, la fameuse idée fausse que les Indiens ne payent pas de taxes! Et les lois différentes encadrant ceux et celles vivant dans les réserves, les nomades et les urbains. J’aime apprendre. C’est fascinant! » ajoute l’enthousiaste étudiante, avant de recommander cette formation à ses amis.
De son côté, Eugène Brazeau, un autochtone participant aussi au cours, avoue qu’au début il était intimidé. « C’est gênant de parler de nous. Ce cours me rend fier de mes origines. J’espère qu’on se comprendra mieux après, même entre nous. J’ignorais beaucoup de choses, comme la loi sur les Indiens qui nous enlève l’autonomie. » Cette loi a amené les pensionnats afin de « civiliser » les Premières Nations. « Mes parents sont allés dans ces pensionnats, mais ils n’en parlent jamais. Il y a trop de souffrance. Maintenant, je les comprends mieux. J’ai plus de respect pour eux. Des pans de ma propre histoire sont révélés. Cela me fait du bien. »
Le cours Cultures amérindiennes change les relations. Un cours à la fois, la connaissance chasse l’ignorance, la bêtise et la peur, redonne confiance en l’humain que nous sommes, blancs ou rouges.