En janvier 2012, Véronique Doucet présentera sa toute nouvelle production à L’Écart… lieu d’art actuel. À cette occasion, elle délaissera l’art engagé pour faire place à des œuvres au caractère ludique mais non moins chargées de sens.


« J’ai décidé de m’amuser! » s’exclame l’artiste en montrant les premières pièces de ce qui devrait constituer un vaste jeu de serpents et échelles. Déjà l’an dernier, une pièce parmi celles qu’elle avait présentées dans le cadre de l’exposition Excès et désinvolture (présentée à Montréal dans le cadre d’AT@MTL) portait le titre Serpents et échelles. C’est donc autour de l’idée de ce jeu (et du jeu en général) que la production que nous verrons en janvier s’articulera. « Je veux montrer que la vie, c’est ça : des fois on monte, des fois on descend… » explique Véronique. Le damier classique du jeu est vu comme une métaphore de la vie. Cependant, il sera éclaté, les fragments s’organisant de manière plus aléatoire et non en rangées sages comme on pourrait s’y attendre.


Jouer avec les paradoxes


Le point de départ de chacun des panneaux (cent panneaux sont prévus, de 12 pouces par 12 pouces) est un objet choisi parmi la banque que Véronique constitue depuis plusieurs années. En effet, elle ramasse des objets sans arrêt, principalement dans deux catégories. Il y a les objets « nature » : coquilles d’œufs, pattes ou ailes d’oiseaux, plumes, bref ce qu’elle glane dans la campagne environnante. Ensuite, il y a les objets « culture » : objets industriels, en général inutiles, constitués de jouets, peluches, bouliers… C’est à partir de cette collection bicéphale, assemblage d’objets hétéroclites et colorés, que l’artiste puise son inspiration. Elle tient d’ailleurs à cette « bicéphalité » de sa collection, qui est pour elle une façon de dialoguer avec le paradoxe nature/culture que chacun de nous vivons.


Elle ne tente pas de résoudre ce paradoxe : elle essaie simplement de trouver un équilibre, de faire cohabiter la nature et la culture dans cette exposition-jeu. Des fois on monte, des fois on descend. Des fois on est culture, des fois on est nature…. La forme même de l’œuvre parle du fond, un jeu qui met en évidence une dualité profonde de la vie humaine : le tiraillement perpétuel de notre être naturel et notre être culturel, entre les serpents (nature) et les échelles (culture).


De son propre aveu, le moteur principal de cette exposition, c’est le jeu et le plaisir. Sans renier sa production engagée (quoique peu importe ce qu’elle va produire, l’engagement affleurera toujours…), elle veut s’en détacher un peu, se recentrer sur elle, livrer un peu de sa nature profonde. Nous parler de ses hauts et de ses bas…


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