L’exposition photo États d’âme de France Gaudreault, qui a eu lieu au Cabaret de la dernière chance du 31 octobre au 19 novembre, montre des scènes prises dans des cimetières. Portant sur l’aspect lumineux et serein de ces lieux que redoutent certains, les photographies en grand format, imprimées sur toile, montrent avec sensibilité à quel point les cimetières peuvent contenir à la fois l’histoire d’un lieu et une vraie beauté. Petite ironie : l’exposition devrait connaître une seconde vie au début de 2012.


France Gaudreault en est à sa première exposition solo. Il était tout naturel que son thème soit les cimetières, car l’artiste entretient une vraie passion pour eux. « Quand je vais dans une ville que je ne connais pas, j’aime aller en premier lieu dans le cimetière pour prendre le pouls de l’endroit, de ses gens », explique-t-elle. Pour rendre le côté mystérieux et sacré des cimetières, l’artiste utilise une méthode de superposition de photos. Captant la même scène à plusieurs reprises, mais avec des focales différentes, elle crée ainsi un effet de transparence qui traduit bien l’aura particulière de ces lieux où reposent les morts. Usant d’angles variés, elle montre tour à tour des pierres tombales, des fleurs artificielles sous la neige ou encore les bancs d’une allée. Elle joue aussi sur la désaturation des couleurs, composant des scènes pleines de douceur et presque hors de temps.


Une vie riche


France Gaudreault a un riche parcours de vie. Elle a travaillé au public et dans la gestion d’entreprises pendant plusieurs années, avant de revenir vers l’art dans la trentaine et de plonger dans un baccalauréat en multimédia à l’UQAT. En plus d’avoir fondé les productions Multi-boîtes et de créer des vêtements en tissus recyclés, elle rêve de poursuivre son exploration des cimetières et de réaliser un documentaire sur les rites de fin de vie à travers les cultures.


Interrogée sur son intérêt pour les cimetières, France Gaudreault répond que pour elle, ce sont d’abord des lieux d’histoire : « Tous les gens qui ont bâti une ville, ils reposent là. » La mort demeure encore un tabou dans notre société et peu de gens fréquentent les cimetières. C’est pourquoi l’artiste voulait amener les cimetières vers les gens. Heureux hasard, la propriétaire d’un salon funéraire a proposé à France de faire tourner l’exposition dans les entreprises funéraires de la province. Ce projet devrait se concrétiser au début de 2012. Contempler des scènes paisibles de cimetières pourrait aider à une perception plus positive de la mise en terre. Après tout, comme le souligne l’artiste, la mort est la seule certitude pour celui qui naît.