Il n’y a pas que l’amour qui déplace des montagnes; il y a aussi l’or. L’idylle entre les investisseurs et la richesse du sous-sol se fait presque centenaire en région et les débats qui l’entourent ne se démodent pas.

Au début octobre était présenté au cinéma de l’ONF le documentaire La Règle d’or, premier film de Nicolas Paquet, traitant de Malartic, du trou et des déplacés. J’avais espoir que ce long métrage complète le travail de Simon Plouffe sur le même sujet, L’Or des autres. J’avais également confiance que cette œuvre serve à élaborer le cas de Malartic plus que ne le fera probablement Trou Story, de Richard Desjardins et Robert Monderie, puisqu’on s’attend de ce dernier à un portrait plus global de notre relation avec les mines.

Les maisons mobiles

La Règle d’or annonce dès le départ son sujet à l’aide d’une anomalie visuelle; au petit matin, au travers des toits de maisons, un d’entre eux se déplace, lentement, comme pour ne pas réveiller les autres. Au milieu d’un terrain vaste et gris, sous le bruit des innombrables machines, le personnage hypermédiatisé Ken Massé résume l’état des lieux: « Ya pu rien! »

Le récit est construit d’un enchevêtrement de tableaux présentant chaque fois un personnage anonyme et aux prises avec divers problèmes reliés à ce que l’un appelle le « Grand Dérangement ». Parmi les rencontres les plus marquantes, on retrouve un irréductible vivant au milieu de la dévastation, un paysagiste psychologiquement alourdi par les plaintes des déménagés et un photographe documentant le changement radical de la municipalité qui trouve finalement en Osisko un mécène pour son œuvre. À travers ces récits, il y a l’omniprésence des remorques, des pépines et de la poussière qui, insérées en plan de coupe pendant des entrevues, transmettent l’inconfort de la situation et tracent à gros trait le parti pris du cinéaste.

Un avenir doré

Accessoirement, Nicolas Paquet a inclus dans son film les plus fiers ambassadeurs du projet minier: le maire André Vézeau et Hélène Thibault, directrice des communications pour Osisko. Faisant piètre figure, ils y vont de déclarations peu rassurantes quant à l’avenir de la ville. M. Vézeau lance: « Dans dix ans, Malartic sera la petite ville la plus agréable dans laquelle vivre. » Son enthousiasme étonne, puisque la Canadian Malartic ne sera en production que pendant quinze ans, c’est donc promettre un maigre cinq ans de joie de vivre aux Malarticois.

Le réalisateur a bien choisi ses intervenants, se classant presque tous dans la catégorie des opposants, ou du moins des inquiets. Cela a comme revers de donner la fausse impression d’un mouvement citoyen dissident et fait oublier la passivité de la majorité, composée de ceux qui croient y trouver leur compte. Cet immobilisme doit pourtant servir à quelque chose: rappeler le chemin à faire pour que tous soient informés de leurs droits et se trouvent en mesure de les revendiquer. 

 


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