L’art est révélateur d’univers. Un poème, une musique, une peinture, une voix… tous les médiums permettent de transmettre une vision du monde. De manière consciente et/ou inconsciente, l’artiste filtre à la fois ombres et lumières pour laisser sa trace sur la pellicule de l’histoire humaine.


Le 10 septembre dernier, j’ai passé une soirée magnifique au Festival du cinéma des gens d’ici à Val-d’Or. Cette célébration a maintenant deux ans. Elle offre tout l’écran à la création cinématographique de l’Abitibi-Témiscamingue. La salle était comblée
par deux-cents personnes de tous âges qui furent accueillies par des bénévoles enthousiastes. Ce public curieux, enjoué et attentif a passé trois heures à partager les visions de jeunes cinéastes de notre région.


Notre cinéma est jeune et passionné. L’unique soirée passée dans la salle du Capitol m’a permis de rencontrer des artistes peu enclins aux compromis. Les caméras sont souples, collées aux émotions, tournées vers les êtres, leurs gestes et à l’écoute de leurs souffles. On assiste à l’expression d’un regard sur le monde plus qu’au déploiement d’une intrigue. Si dans ce pays nous nous disons près des gens et sensibles à eux, le cinéma que j’ai saisi ce soir-là l’est tout autant.


Il est près de la nature et du ciel aussi. L’écran géant permet de saisir autrement ces nuages dans lesquels nous sommes toujours plongés, tellement que nous en venons à les oublier. Sensibles à la lumière unique de chacun de nos horizons, nos cinéastes nous rappellent que nous sommes collés au ciel, au propre comme au figuré. Cela se perçoit d’autant plus que nous ne sommes parfois pas très loin des limbes…

L’Or des autres

Ici, je pense à L’Or des autres de Simon Plouffe. Ce documentaire, que je vous invite instamment à voir, donne la parole à neuf personnes dont la vie a été bouleversée par le projet Canadian Malartic. C’est l’enfer de la médaille que nous présente ce documentaire : des hommes et femmes qui vivent un déménagement forcé. On accompagne ces gens qui doivent quitter la maison où ils ont grandi, vivre le stress des négociations de gré à gré et les difficultés surréalistes posées par une loi sur les mines permettant de « mouver » les maisons alors que les audiences du Bureau d’audience publique sur l’environnement (BAPE) se tiennent… Mais surtout, la rage provoquée par la prise de conscience que : oui il y aura des emplois, oui il y aura de la prospérité, mais que non nous n’avons pas notre part et une fois le gisement vidé, il ne restera pas grand chose de plus qu’un trou.


Le film de Simon Plouffe, outre son propos, regroupe les particularités que je crois être celles de notre cinéma qui ne cesse de grandir. Une simple humanité vue à travers une lentille qui embrasse l’horizon et notre nature. Un cinéma qui a le goût de vivre et qui donne le goût de vivre. C’est là une immense richesse, car tous ces films sont de notre époque et de notre région. C’est notre art, pas celui des autres!


L’Or des autres prendra l’affiche dans les prochains mois au cinéma Capitol de Val-d’Or et sera diffusé à RDI et Radio-Canada en 2012.


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