Le 1er juillet prochain, il n’y a pas que le Rest of Canada qui sera en liesse, mais aussi la petite municipalité de Moffet, au Témiscamigue. Pour souffler ses 75 bougies, le village s’offre de raviver son histoire à travers Le pont du nord-est, tout nouveau long métrage documentaire du cinéaste Témiscamien Sylvain Marcotte.

Dès 2001, fraîchement sorti de l’université, Sylvain Marcotte s’intéresse à l’histoire fabuleuse de ces ponts tout de bois, dont l’existence fut étroitement liée à celle de son village natal, Moffet. Le film, alimenté d’images d’archives et de témoignages de Mofféttois, retrace la vie d’une rive à l’autre du pont, avant, pendant et après sa construction de 1939 à 1941, jusqu’à sa destruction tragique le 18 juillet 1983, alors que le pont sud-ouest croulait sous les flammes. Un mystère jamais résolu, une époque qui continue d’attiser les passions et d’alimenter le rêve…

Un pont vers l’avenir…

Le prologue du film rappelle que les fondateurs de Moffet avaient quitté leur village frontalier de St-Zachary-de-Beauce – et la grande Crise qui sévissait, – pour rejoindre de nouvelles frontières : celles du nord, celles entre l’Abitibi et le Témiscamingue, enfin celles entre le réservoir des Quinze et le lac Simard. Si leurs espoirs étaient grands, leurs ambitions l’étaient encore davantage. Trois ans seulement après la naissance officielle du village, six ans après l’arrivée des colons, les premiers arbres étaient abattus et assemblés en ce qui allait devenir le plus long pont de bois de l’est du Canada, une merveille d’ingénierie pour l’époque, une ruine fascinante aujourd’hui. Pendant 42 ans, la structure, sans aucun acier ni béton, permit de rallier de façon directe cette aile reculée du Témiscamingue à la capitale nationale du cuivre, par Ste-Agnès-de-Bellecombe.

Les rives de l’inconnu

Les découvertes tout au long du film s’avèrent étonnantes. Qui connaissait l’existence de Beauneville, autre village peuplé de beaucerons, qui naquit et mourut de l’autre côté de la rive? Qui se souvient que les ponts faillirent desservir une artère majeure qui aurait relié Rouyn-Noranda et Ville-Marie, avant que des joutes politiques ne fassent avorter l’option? Sans parler du fameux T.E Draper qui a remorqué ses billes de part et d’autre de la structure. Bref, le film explore les mille et une facettes des ponts du Grassy-Narrow, qui portent en leur charpente la fierté, les aspirations et le destin de ses constructeurs.

Et la fin des ponts fut aussi, en quelque sorte, la fin d’un rêve. Un feu inexpliqué, un procès peu concluant : le sujet semble demeurer tabou. Qui? et pourquoi? demeureront à tout jamais des questions sans réponses – et le réalisateur évite de les poser. 

À défaut d’y répondre, on peut toujours se rendre à Moffet pour voir la réplique de 52 pieds des ponts, et visionner le captivant film de Sylvain Marcotte.


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