Lors de mon stage à la fin de mes études collégiales, je réalisais enfin la chance que j’avais de pouvoir dire « Je suis graphiste ». Ce rêve d’adolescente devenu réalité. Ayant toujours aimé le dessin et l’informatique, ce métier m’était tout simplement destiné. Aujourd’hui, la petite fille qui aimait tant et qui aime encore bricoler semble être habitée par une seconde flamme, la peinture. Mon cœur balance.

Est-ce qu’un graphiste est un artiste? En fait, les graphistes ne sont pas reconnus comme des artistes sous prétexte qu’ils répondent à une commande. Est-ce que Michel-Ange a entrepris de peindre le plafond de la chapelle Sixtine de son propre gré? Plusieurs artistes ont-ils donné dans les commandes de portrait? Je ne défendrai pas ces points, encore faudrait-il que je définisse ce qu’est un vrai « graphiste » et ce qu’est « l’art », mais une chose est sûre, je suis encerclée par ces deux feux. La souris ou les pinceaux? Mes doigts dansent.

Voilà que je suis graphiste depuis bientôt 10 ans et je commence à croire que mon regain d’intérêts pour la peinture est tout calculé et qu’il est temps de changer mon fusil d’épaule. On dirait qu’après tant d’années de pratique, je supporte moins le fait de me faire dire de placer cet élément à tel endroit et de mettre cet autre élément de telle couleur. J’étouffe! Pourtant, j’ai toujours bien réagi à la critique pourvu qu’elle soit constructive. Est-ce que la graphiste serait blasée des commandes? Tout d’un coup, mes neurones s’affolent!

À l’âge de six ans, quand je demandais à ma mère quel métier j’allais faire plus tard elle me demandait : « Qu’est-ce que tu aimes faire, Staifany? » et moi de répondre : « La peinture! ». « Alors, arrange-toi pour gagner ta vie en faisant de la peinture », me répondait-elle. Logique, non? La société actuelle étant ce qu’elle est, j’ai vite compris que les artistes qui vivent de leur art sont très rares. J’ai donc opté pour le métier de graphiste où tout est calculé pour faire passer un message; on s’adresse directement au cerveau gauche, à la logique. Je pensais peut-être éteindre ainsi ce rêve de vivre un jour de mon art, mais voilà que ça me semble, aujourd’hui, un besoin essentiel à mon bien-être. Vivre de mon art, un rêve! Là… je bave!

Être reconnue en tant qu’artiste professionnelle représente un honneur pour moi. Bien évidemment, c’est un long périple qui se dresse devant; on ne devient pas artiste en lisant « La culture pour les nuls ». Je m’adresserai maintenant au cerveau droit, aux sentiments aux émotions. Je devrai probablement déconstruire ma façon de créer des images, repartir là où j’avais arrêt et réapprendre. On m’a dit un jour : « La peinture c’est un langage ». Je dois donc arriver à maîtriser cette nouvelle langue, ce métier, aux dépens inévitables d’une flamme affaiblie par un manque d’oxygène. Difficile de laisser aller une passion pour une autre. L’expérience du travailleur autonome, par contre, me sera très utile. Un artiste qui se gère, possible? Est-ce l’artiste des temps modernes? Une chose est sûre, être un artiste c’est un mode de vie, une vocation, c’est être moi-même enfin!

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