Richard Desjardins, de sa voix agréablement familière, nous émeut et nous fait sourire encore une fois, en chantant dans la langue de chez-nous. Ce huitième album, réalisé et arrangé par Claude Fradette, qui avait collaboré à Kanasuta, comporte aussi quatre pièces instrumentales, où le piano rayonne. Sur L’existoire, le classique (piano, flûte, violoncelle, choeur), le country-folk (guitare, banjo) et le tango se côtoient. Parmi les talentueux musiciens, figurent la saxophoniste Marie-Josée Frigon et la choriste Geneviève Jodoin (Belle et Bum). Des personnages bien différents sont dépeints dans des histoires du quotidien. Le réalisateur du Peuple invisible raconte les autochtones dans Migwetch et dans Elsie, chanson intense inspirée par Elisapie Isaac, traitant de l’amour entre une Indienne et un Blanc, un moment fort de l’album. La sensibilité et la profondeur de plusieurs pièces se trouvent équilibrées par l’humour cru de quelques autres, comme dans Roger Guntacker, portrait d’un homme peu recommandable. L’auteur-compositeur-interprète y va d’une boutade écologiste dans Développement durable : « Chu fier d’être ignorant pis ça c’t’un droit acquis. Pas besoin d’être savant quand t’as un’ carte de crédit. »Une chute surprenante est offerte dans Les deux pétards; une histoire de séduction. Monsieur Desjardins voyage même à d’autres époques, puisqu’il nous parle d’un navigateur en route pour l’Irlande sur Atlantique Nord et revisite une pièce du répertoire traditionnel (Tous les gens de plaisir). En somme, une expérience touchante et éclectique de la part de notre poète vedette.
4/5