L’industrie du bébé et de la maternité est florissante. Nombreuses sont les compagnies qui misent sur cette clientèle, sur le désir des mamans d’offrir ce qu’il y’a de mieux à leurs rejetons, que ce soit pendant leur grossesse, les premiers mois de vie de bébé ou les années qui vont suivre. On joue sur la fibre maternelle des femmes pour leur offrir une multitude de «bébelles» – parfois très utiles, parfois pas du tout – de cours et d’ateliers.
Rapidement, il est possible de surcharger son horaire et celui du nouveau venu de la famille avec des cours de danse, de remise en forme, de natation, de nommez-l’activité-ça-existe-probablement. Mais pourquoi les activités papa-bébé sont-elles quasi-inexistantes? La grande majorité des familles compte généralement au moins un papa (en moyenne), alors comment se fait-il que ça ne se reflète pas dans l’offre d’activités? Il y a aussi les livres, les sites internet, les magazines, les émissions de télé consacrées aux mères, mais à peu près rien pour les pères.
Invisible ou ignoré?
Le père n’est plus ce qu’il était: il n’est plus seulement le pourvoyeur ramenant l’argent du beurre et mettant son poing sur la table lorsque le ton monte dans les chaumières. Les papas sont désormais présents : ils cajolent, se roulent par terre, chicanent, nourrissent, expliquent, habillent, inventent des histoires, baignent, maîtrisent l’art du « Heille, ça va faire » paternel… Et tout ça, ils le font à leur façon à eux: un papa, ce n’est certes pas une maman (à quoi bon, le rôle est déjà pris?).
Nombreuses sont les occasions pour les femmes de se réunir afin de parler d’allaitement, de grossesse et d’accouchement, que ce soit au sein d’un groupe organisé ou lors d’une séance de papotage impromptue. Bien que ces sujets les touchent un peu moins (puisqu’il est ici question du corps de la femme) est-ce que de tels regroupements sont offerts aux hommes? Car sous cette cuirasse de masculinité, il doit bien y avoir quelques angoisses qui grouillent et quelques questions qui clignotent!
Il n’est pas ici question d’en faire moins pour les femmes: l’espace qui a été créé pour la maternité est un bel exemple de l’importance que prend la famille dans notre société. Des modèles forts de mères ont été inventés, de tous types et achétypes, même les plus inusités, qu’on pense à Mère indigne et aux femmes de de la série télévisée La galère, par exemple. Mais où sont les modèles paternels contemporains? Comment les pères peuvent-ils se reconnaitre, s’inspirer, se rassurer? Être un bon père (ou une bonne mère, d’ailleurs) n’est pas un talent inné!
La famille évolue, et les rôles sont mieux partagés entre les parents qu’ils ne l’étaient il y a à peine 20 ans. Pourtant, encore aujourd’hui, on parle de maternage en ce qui a trait au renforcement du lien parental, tandis que les anglais utilisent l’expression « attatchment parenting », comme si même linguistiquement on discriminait les pères… La paternité est-elle secrète au Québec? Honteuse? Peut-être est-il temps que ces hommes sortent du placard et affirment clairement leur fierté paternelle à leur façon? En organisant une marche peut-être (une paparade)?