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Oui allô? Avec bébé Roméo, ces jours-ci, on joue au téléphone.  Il me tend le sans-fil : Oui allô…  un instant.  Je lui redonne le combiné : C’est pour toi!  Évidemment, il me le redonne et le jeu continue : Oui allô?  Il ne parle pas encore mais on s’écoute, on se comprend.

Peu de temps avant la naissance de mon premier enfant, j’ai eu la chance de rencontrer une mère exceptionnelle, vraiment.  Un modèle de patience et de présence auprès de son petit  bonhomme de deux ans et demi. Elle m’avait confié : «Les enfants, j’trouve qu’on ne les écoute pas assez…» Le constat me plaisait bien, et encore davantage toutes les questions que ça soulevait en moi.  Quelques années plus tard, je tombe sur un livre : Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent.  Enfin des réponses et des confirmations sur ma façon d’intervenir auprès de mon enfant.

Aujourd’hui, j’ai le bonheur de partager ma vie avec un joyeux trio d’enfants ce qui, disons-le, force à tendre l’oreille et à ouvrir le cœur à autrui!  Et ces enfants qui sont les miens, quand je les écoute vraiment, Dieu que je me sens une meilleure mère!  Pour moi, les écouter, c’est la première façon de les élever, de les amener (et m’amener) plus haut. Écouter – vraiment – un enfant, on fait ça comment alors?

  1. Dans la mesure du possible, j’arrête ce que je fais.  Je me tourne vers lui, je me mets à sa hauteur, je le regarde.  J’écoute.  C’est fou ce que c’est rassurant et réconfortant une oreille attentive.  Tellement que parfois, le problème disparaît presque comme par magie.
  1. Hum… Ok».  Je retiens aussi longtemps que possible les conseils, les accusations, les sermons, les questions.  L’expérience est souvent concluante : dans l’absence de jugement et de censure, l’enfant repart libéré, la montagne est devenue un petit caillou et déjà une solution se pointe à l’horizon. 

Parfois c’est plus complexe, mais notre écoute profonde envers l’enfant aura à tout le moins permis de soulever le couvercle de la marmite et d’éviter l’explosion.  Au mieux, l’émotion sera calmée et l’enfant sera prêt à recevoir un petit conseil.  Plus important que tout, on aura évité les dommages causés par une parole blessante qu’on échappe souvent sous le coup de la colère, de l’exaspération ou du découragement. 

  1. Et quand l’écoute n’est pas suffisante à elle seule?  On ose se mettre à la place de l’enfant, imaginer le sentiment qu’il vit et lui nommer : «T’as de la peine que Maxime ait préféré joué avec un autre ami» (au lieu du classique « c’est pas grave, on va appeler un autre ami »!).  Et si dire à mon enfant qu’il est tellement en colère qu’il a envie de frapper sa sœur ne faisait qu’intensifier sa violence?  Si nommer la tristesse qu’on ressent quand notre chat meurt ne faisait qu’accroître sa peine?    Habituellement, c’est le contraire qui se produit:  notre enfant a besoin d’aide pour apprendre à exprimer en mots ce qu’il ressent.

Grâce à notre écoute, l’enfant se sent reconnu et réconforté dans sa difficulté.  Il peut alors passer plus facilement à autre chose, à son rythme.  Et quel cadeau on lui fait : être capable pour le restant de sa vie de reconnaître, nommer et gérer ses émotions.