Mon dictionnaire définit le mot débat comme étant « l’action de débattre d’une question, de la discuter». Le verbe débattre, toujours pour le Petit Robert, consiste à «examiner contradictoirement avec un, ou plusieurs interlocuteurs».Je résumerais donc le débat par l’examen des pour et des contre sur un sujet particulier afin de pouvoir se «faire une tête dessus».
Donc, on s’entend là-dessus, ça mord pas un débat. J’ai pourtant l’impression qu’il est de moins en moins possible de débattre. À moins de discuter de la saveur de crème glacée qu’on préfère, les questions de fond semblent toujours évitées… pour éviter la chicane. Comme si on pouvait tous et toutes être d’accord avec tout ! À la limite, on va bientôt devoir débattre de l’importance des débats dans une société ! Mais sans débat, il n’y a pas de démocratie; c’est donc possible de regarder le spectacle, pas d’y participer.
Des voix qui portent
La liberté d’expression est liée à la démocratie. Et nous l’avons ici ce droit de nous exprimer, mais le droit d’être écouté ou celui d’être entendu sont moins évidents à faire respecter. À moins qu’on devienne tellement nombreux, que la gang soit tellement grosse, qu’il n’y ait plus d’autres choix pour les pouvoirs en place que d’entendre et d’écouter. Ce qui vient d’arriver aux dictatures de Tunisie et d’Égypte est là pour nous le prouver.
Il faut donc pouvoir parler fort et il arrive que des artistes agissent comme porte-voix de la population. Ici, nous avons l’exemple de Richard Desjardins, appuyé de dizaines d’autres, dont ceux et celles qui sont montés sur scène avec lui lors du dixième anniversaire de l’Action boréale au mois d’octobre dernier. On se rappellera également la mobilisation de nombreux artistes lors de l’intervention américaine en Irak, en hiver 2003, où Montréal a connu les plus importantes manifestations d’opposition en Amérique.
Dernièrement, il y a eu le vidéo intitulé Wo ! De nombreux artistes québécois y vont d’un message simple, clair et percutant pour demander un moratoire sur l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent. Sous la direction de Dominique Champagne, le clip de trois minutes dit simplement «Wo !» à un gouvernement qui n’écoute pas et ne semble comprendre que le langage pressé du Big Business. Il a été écouté par près d’un demi-million de personnes ! Ici, la popularité et le talent des artistes ne sert pas à nous vendre un produit, mais à défendre une idée. Ce ne sont pas eux ni le clip qui vont faire changer les choses, mais le fait que, grâce à eux et à tous les gens qui s’impliquent dans le débat, il commence à y avoir une vraie grosse gang.
Les larmes me sont montées aux yeux la première fois que j’ai visionné Wo ! Cela venait me prouver que nous pouvons encore être fiers de notre peuple. Parce que ces artistes qui agissent avec leur coeur sont aussi notre voix. Et le coeur d’un peuple qui se bat lui permet de rester en vie… bien davantage qu’un portefeuille d’actions.