Le premier album autoproduit de la Valdorienne, Marie-Eve Leblanc, enregistré et réalisé par Bernard Boulanger (Le Carabine) recèle de belles surprises. Il en ressort une ambiance intime et authentique, un véritable cri du cœur. Guitare et voix servent les textes habiles de celle qui a fait l’École nationale de la chanson de Granby. La formation en travail social que l’auteure-compositeure-interprète a acquise transparaît dans le choix de ses thèmes : éclatement familial (J’ai la famille), victimes négligées (Utopie chronique), viol : « On est une sur trois qui n’en parlons pas/De peur qu’on nous suspecte/De peur qu’on nous rejette » (Une sur trois). Mais le tragique côtoie le comique. Si je te disais « Je t’aime » se moque des réseaux rencontres : « Est-ce que tu me croirais si je te disais, je t’aime ?/Même si je t’ai jamais vu pis qu’on se parle juste sur MSN». La fille parfaite use d’autodérision « Chus tellement pas une fille parfaite/J’t’aussi habile en talons hauts qu’un éléphant s’un échafaud ». Le folk-rock, la musique latine, le pop et le punk se côtoient. C’est cru et sans détour comme chez les Vulgaires Machins,etnostalgique, mais entraînant comme chez les Cowboys Fringants (Dans mon appart). Le puits épuisé fait penser à l’univers d’Eve Cournoyer, et Muette rappelle Mara Tremblay. Marie-Eve a la fougue et l’intensité de Zaz : c’est une grande gueule au cœur tendre qui ne peut laisser indifférent.
3,5/5