L’Indice bohémien m’a offert une petite chronique, sachant bien que les sujets que j’y aborderais tourneraient autour de ce qui me passionne : l’art. Ma chronique paraîtrait tous les deux mois, pour laisser aussi à d’autres la chance d’exprimer leur point de vue. Aujourd’hui, avec ce premier article, il serait peut-être bon de me présenter et d’annoncer mes couleurs.
Mon histoire personnelle aurait pu me fournir, comme à bien d’autres personnes, tout ce qu’il faut pour développer le sens du drame. Mais voilà, dès l’école primaire, les cours d’arts plastiques m’ont captivée au point que plus tard, à travers les étapes de la vie, la pratique de l’art est devenue le fil conducteur du développement de moi-même autant qu’un métier. En général, je pense que l’art, quand il est bien compris, peut permettre à plusieurs personnes de dépasser leur petite histoire plutôt que de se concentrer sur leurs bobos.
En fait, si j’ai décidé de relever le défi de tenir cette chronique, c’est que je crois qu’exposer certaines idées sur et autour de l’art peut donner lieu à des réflexions et à des conversations qui n’arriveraient pas sinon et, ainsi, aider à formuler des pensées qui font grandir et se développer. Il circule aussi à propos de l’art et de l’artiste plusieurs idées fausses qui font parfois obstacle à la compréhension de ce que c’est vraiment, et j’aimerais en défaire quelques-unes.
Peu importe qu’on ait personnellement une pratique artistique ou pas, car la créativité peut s’exercer dans tous les domaines de la vie; de toute façon, la discussion esthétique est un exercice intéressant en lui-même. Au lieu de dire qu’on aime ou qu’on n’aime pas telle chanson, telle peinture, tel paysage, dans ce type de discussion, on tente de cerner ce qui nous attire ou ce qui nous énerve là-dedans, à quoi ça nous fait penser, ce que ça signifie, etc. On essaie de rendre le plus clair possible ce qu’on pense, on écoute ce que l’autre répond, on y réfléchit, rectifiant s’il y a lieu notre point de vue ou notre façon de l’expliquer, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’on arrive à un accord total, partiel ou à un désaccord plus nuancé. À propos du beau et du laid, sujet banal en apparence, mais qui nous touche (puisque c’est nous personnellement qui trouvons la chose belle ou laide), on apprend à construire, à mettre en jeu et à relativiser une position qui nous inclut nous-mêmes. Les aptitudes qu’on développe dans ce genre de discussion ont des applications dans tous les domaines où nous avons des relations avec les autres. Bref, le jeu du débat esthétique aide à développer nos goûts et notre sociabilité, et l’œuvre d’art en est le défi ultime puisqu’elle est inédite.
Dans ma chronique, je vais donc adopter une attitude où j’essaierai de convaincre (parce que je suis convaincue), mais où tout
est discutable. J’espère vous intéresser et j’espère aussi que d’autres artistes y participeront éventuellement, le mois sur deux où je ferai relâche.
Novembre 2010