Les feuilles changent de couleur, l’air se rafraîchit, les journées s’effritent et l’automne se fait politique. Le mois d’octobre en sera un de pancartes et de discours : espérons donc qu’il sera intéressant.

Les élections municipales sont rarement des moments d’anthologie de plaisir citoyen. Surtout que peu de gens semblent y porter attention, semblent considérer ces élections comme le geste populaire qu’elles sont, ou du moins qu’elles devraient être. Dans une société qui se définit comme étant démocratique, pourquoi diable ne nous prévalons-nous pas de notre droit de vote? Lors des dernières élections municipales, seulement 48% des citoyens de l’Abitibi-Témiscamingue ont rempli leur devoir de citoyen. Un gouvernement qui est élu par moins de la moitié d’une population est-il légitime? Qui représente-t-il? Les analystes, journalistes et experts se plaignent souvent du manque d’intérêt des gens envers la politique et encore plus lorsqu’il s’agit de politique municipale. Sans refaire l’analyse qui a déjà été faite il y a quatre ans, il serait peut-être important de comprendre pourquoi les gens de la région accordent si peu d’importance à leur rôle d’électeur.

Il est vrai que le palier municipal est le moins sexy des pouvoirs gouvernementaux. Il est rare de voir des foules s’exciter au sujet des plans de cadastres, du pavage des rues ou même du système d’aqueduc. Pourtant, prétendre que la politique municipale ne consiste qu’en cela serait très réducteur. Les élus municipaux devraient être ceux qui nous rejoignent le plus puisque ce sont ceux dont nous sommes le plus près, du moins géographiquement.

Un X qui a de la valeur

Les élections municipales revêtent également une importance particulière pour le monde de la culture, ses artisans et ses disciples. Il est primordial que tous ceux qui ont la culture de leur municipalité ou de la région à cœur se rendent aux urnes le 1er novembre prochain, puisqu’une ville qui a une vision de ce qu’elle veut accomplir en culture est un milieu de vie où il est agréable de vivre. En contribuant au développement de ses infrastructures et organisations culturelles, une localité participe en même temps à l’essor de son économie, du moins c’est ce que tend à démontrer la théorie du Bohemian Index (l’Indice bohémien), du chercheur Richard Florida.

Parce que c’est aussi ça, la vie municipale : la culture. Une municipalité qui se soucie de son offre culturelle tend à être plus dynamique puisqu’elle encourage et sollicite la participation des artistes et des citoyens impliqués. Une ville qui choisit de placer son dynamisme culturel à l’avant-plan améliore la qualité de vie de ses citoyens, en attire de nouveaux, suscite la fierté et le sentiment d’appartenance, et obtient presque invariablement la reconnaissance à l’extérieur de ses frontières.

De plus en plus, le palier municipal joue un rôle primordial dans la vitalité culturelle d’une communauté. Mais parfois, il faut le rappeler aux élus – et à plus forte raison aux candidats aux élections. Alors votons tous, en ce premier jour de novembre, votons tous et gardons nos politiciens à l’œil. Rappelons-leur qu’une vie municipale en santé, c’est aussi l’investissement dans les institutions et les organisations culturelles, c’est l’offre de lieux de pratique et de diffusion, c’est la participation à l’épanouissement de la culture d’ici. Assurons-nous qu’ils sont conscients que nous aimons nos milieux de vie parce qu’il y fait bon vivre, mais qu’il reste beaucoup à y faire.

Les municipalités doivent connaître et reconnaître les talents qui résident sur leur territoire, et pas seulement pendant les Journées de la culture. Les artistes devraient être consultés, prendre part aux processus décisionnels et faire partie de la vie politique. Et c’est autant à eux de saisir leur droit de parole qu’aux décideurs de rechercher leur apport. En fait, nous devrions tous nous intéresser aux divers paliers décisionnels, pas seulement les artistes, mais aussi les étudiants, les gens d’affaires, les personnes âgées, les professionnels, les agriculteurs… Car comme le dit la sagesse populaire : « Quand tu ne t’occupes pas de la politique, c’est la politique qui s’occupe de toi! »

Alors, gens de partout en région, aiguisez vos crayons et lors de grande journée d’élection du 1er novembre, courrez tracer ce « x » porteur d’espoir et d’avenir; ainsi, nous aurons les élus que nous méritons réellement, qui s’occuperont de sujets qui nous touchent intimement.

Remercier ses camelots OU Nos camelots, c’est pas de la camelote

L’Indice bohémien lançait en grandes pompes, le 28 août dernier, son premier vrai numéro. Une édition qui s’était faite toute belle pour offrir la culture d’ici au plus grand nombre de gens possible. Pour cette première copie, des dizaines de camelots se sont postés en de multiples lieux stratégiques un peu partout dans la région afin de distribuer des copies aux passants. Cette activité de visibilité n’aurait pu être possible sans l’apport en temps et énergie de nos valeureux bénévoles. Merci à vous tous : ce deuxième numéro a été réalisé un peu grâce à vous.


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