Depuis quelques mois, votre boîte aux lettres est l’hôte de non seulement un, mais trois sacs remplis de circulaires. Vous savez, celui transparent avec le journal Le Citoyen à l’intérieur et les autres avec seulement de la publicité. Eh bien ce petit sac blanc et bleu sur lequel est inscrit « publi sac » vous livrera sous peu, lui aussi, un journal hebdomadaire gratuit.  

 

« Offre d’emploi Abitibi – rédacteurs (trices) en chef, journalistes, pigistes, directeurs (trices) des ventes, conseillers (ères) en publicité […] ». Plusieurs ont sûrement déjà remarqué ces offres d’emploi en ouvrant leur « publi sac » récemment. Cette méthode de recrutement n’a rien d’un hasard, car Transcontinental, le plus important imprimeur commercial au Canada et le plus important éditeur de journaux hebdomadaires au Québec, utilise son réseau de distribution (publi sac) pour recruter la main d’œuvre de son nouvel hebdomadaire gratuit, que recevront les témiscabitibiens au cours des prochaines semaines. 

    
Quebecor : un média régional depuis longtemps
L’arrivée d’un tel groupe en région pourrait sans aucun doute briser quelque peu la domination que le groupe Quebecor avait chez nous en presse écrite avec ses journaux La Frontière, L’Écho Abitibien et Le Citoyen des différents secteurs. Pourtant, ce nouveau concurrent ne semble pas inquiéter l’entreprise qui mise sur sa longue présence en Abitibi-Témiscamingue. « Nous croyons en nos produits et nous bénéficions d’une grande notoriété auprès de la population et des annonceurs », a commenté Caroline Couture, éditrice du journal L’Écho. Selon elle, les 60 ans d’existence du journal L’Écho et la constante implication des hebdomadaires régionaux de Quebecor auprès de la communauté sont des éléments solides qui sauront les distinguer de leur nouveau concurrent.  

Pourquoi Transcontinental choisit-il l’Abitibi-Témiscamingue, et pourquoi maintenant? Selon un reportage de la radio de Radio-Canada, il y a un peu moins d’un an, Transcontinental se serait fait retirer la distribution des journaux Le Citoyen. Cette information n’a pas été confirmée par Caroline Couture qui maintient que Quebecor, par Distribution JC, est le seul distributeur de ses journaux. 

Devant l’impossibilité de rejoindre une personne représentant Transcontinental, Daniel Giroux, secrétaire général du Centre d’études sur les médias (CEM) de l’Université Laval, nous a partagé son analyse. Selon lui, le très peu de sources d’information en presse écrite justifie principalement l’implantation de Transcontinental chez nous, bien que ce soit « très rare » que Quebecor et Transcontinental se disputent de front le marché des hebdomadaires gratuits sur un même territoire. Depuis longtemps, une entente non écrite entre les deux géants faisait qu’ils se partageaient ce marché dans la province.  

Meilleure information?
Leur arrivée aura-t-elle un effet bénéfique sur la diversité et la qualité  de l’information sur notre territoire? « Il est présentement trop tôt pour se prononcer à ce sujet, précise Daniel Giroux. Normalement, la tendance pour se distinguer de la concurrence en information est de trouver des exclusivités. Toutefois, trouver des idées originales demande beaucoup de ressources, ce qui laisse donc aussi croire qu’il y a des chances de retrouver les mêmes informations dans les deux journaux »,  explique-t-il.