Les nouvelles technologies facilitent la production et la diffusion de musique, ce qui peut infliger un léger vertige à quiconque souhaite se tenir vraiment au courant de ce qui se trame en la matière. Imaginez quand on ajoute à cette masse sans cesse renouvelée de notes toutes celles qui ont été gravées sur disque jadis : on se dit qu’on n’aura jamais assez d’une vie pour tout connaître et apprécier. Heureusement, il existe des guides : Félix B. Desfossés et ses disques Pluton sont du lot.

 

Depuis la fin des années 90, certaines compagnies québécoises se sont donné pour mission de numériser la musique de l’ère des disques en vinyle afin de la protéger et de la faire connaître. C’est ce que souhaitent faire le Rouynorandien d’origine Félix B. Desfossés et sa conjointe et associée Mélodie Rheault. « Certains créneaux n’étaient pas couverts dans le domaine de la réédition, explique Félix B. Desfossés, comme le R&B, le soul, le funk, ou encore le rock de garage. ».

Premier sauvetage : trois chansons d’un certain Donald Seward, Rouynorandien qui fut claviériste pour César et les Romains, mais qui fut surtout un grand amateur de soul et autres musiques d’inspiration afro-américaine, vendues sous forme de 45 tours et de fichiers MP3. « C’est pour nous une excellente carte de visite : de la musique de grande qualité qui est un peu passée sous le radar », analyse celui qui se fait également appeler DJ Pâté.

Nouvelles idées pour vieille musique
À l’entendre raconter comment il a obtenu les droits sur les chansons de Donald Seward – à la suite d’un article du fanzine du Festival de musique émergente, d’un avis de recherche et d’une longue conversation autour d’un café – on comprend rapidement que Félix B. Desfossés est un passionné de musique, et que sa passion est contagieuse. « Dès mon arrivée à l’école La Source, j’ai commencé à faire de la radio étudiante, beaucoup parce que j’avais besoin de partager ma passion pour la musique », relate-t-il, lui qui est également membre du groupe Les Prostiputes. Cette enthousiaste pulsion se matérialise également sous la forme d’une émission de radio (Vente de garage) disponible sur Internet en baladodiffusion, et d’un blogue qui s’avère une mine d’informations sur des musiques peu connues des années 50 à 70.

Au-delà des rééditions de disques, Félix B. Desfossés souhaite aussi avec les disques Pluton agir comme consultant musical, et contribuer à brasser les idées préconçues sur la musique québécoise des années 60 et 70. Il participera d’ailleurs à la mise sur pied du musée du Rock ‘n’ roll, qui documentera la naissance, au Québec, de ce phénomène social qui perdure, en une exposition qu’on pourrait éventuellement voir en région.

Artéfacts régionaux
« L’Abitibi est très présente dans ma collection de disques, confie-t-il. En fait, j’essaie de rassembler tout ce qui s’est enregistré en région. » L’histoire musicale du Nord-Ouest québécois le fascine, et il veut répandre ce qu’il sait. « Il y a deux types de collectionneurs : ceux qui sont avares de leurs découvertes, et ceux qui veulent partager leurs découvertes avec le plus grand nombre. » Souhaitons que cet ultime représentant de la deuxième catégorie puisse un jour nous présenter son histoire du rock régional, que les gens d’ici prennent enfin conscience de la richesse de notre patrimoine musical.





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