Bien de l’eau a coulé sous le pont couvert de la Calamité de La Sarre depuis que Guillaume Beaulieu a décidé de passer de « passion conteur » à « métier conteur ». Il gagne maintenant sa croûte en tant que chevaucheur d’orignal et menteur de premier rang. Et les rangs d’Abitibi-Témiscamingue, il les connaît. Le rang 4 et 5 de Ste-Gertrude, entre autres, qui affrontait des gens originaires de Shawinigan d’un côté et de Montréal de l’autre, il n’y a pas si longtemps.

En l’écoutant nous conter des histoires, on ne peut faire autrement que de tendre l’oreille par curiosité, lui qui est passé d’agent de dévelop­pement rural salarié à artiste de dévelop­pement rural enflammé!

Mission ruralité !

En effet, en ce monde où le style de vie urbain est valorisé et semble ­priorisé par la majorité, voilà qu’il y a bel et bien 53 % de la population de l’Abitibi-Témiscamingue qui choisit la ruralité. « Chaque village a une personnalité collective propre », raconte Guillaume. « Il y a même eu un temps où chaque rang avait sa propre personnalité ».

À l’été 2007, il a pris son ÉLAN et a parcouru la région, lui permettant d’écrire des contes à la fois surprenants, souvent drôles, parfois touchants. Que ce soit l’histoire peu commune du Camp Spirit Lake à La ferme ou encore le dépanneur ­Boutin à St-Marc-de Figuery, les éCONTEurs seront ravis par ces réalités fabu­leuses, ces fables réalistes.

Animé d’une envie de défendre et de promouvoir la vie rurale, ce fondateur du cercle des conteurs de l’Abitibi-­Témiscamingue se veut un fier défenseur de notre mémoire collective. Par contre, avoir autant d’ardeur a un prix.

Être son propre boss

« Comme employeur, y’a pas pire bourreau que soi-même », dit-il. « Lors­que ton bureau est à côté de ton lit, c’est facile de te lever le ­matin, t’installer à ton bureau et refermer la lumière le soir pour te coucher aussitôt ». Il ajoute même « jamais je n’aurais accepté d’un patron les conditions de travail que je me suis imposé à moi-même ». Mais n’est-ce pas là le côté obscur des passionnés ?

La charge de travail nécessaire à la réalisation de ce coffret de cinq CD comprenant 98 contes sur 98 villes et villages de la région est facilement concevable. D’autant plus, quand vous décidez d’y ajouter une ambiance sonore et un livret comprenant 2 à 3 photos par conte. Doit-on ajouter que ce coffret n’est pas le seul projet sur sa table de chevet ?

À l’heure où le développement du sentiment d’appartenance à notre région est un enjeu de son dévelop­pement, vivement le coffret de ­Guillaume Beaulieu, le travail des conteurs et conteuses d’ici, qui nous jasent et nous prouvent qu’il y a de quoi se compter chanceux de vivre ici.


Auteur/trice