Il y a cinq ans, j’écrivais à l’occasion des articles pour un journal culturel en Gaspésie. Quand j’ai finalement quitté mer et montagnes, j’ai lancé à la blague à mes amis du ­Graffici que je retournais chez moi, en Abitibi-­Témiscamingue, pour mettre sur pied un tel périodique. Comme dans tout bon projet, les grands esprits se rencontrent : j’étais loin d’être la seule à avoir eu cette idée. En effet, sensiblement au même moment, des artistes de la région, via la Table de la jeune relève artistique, émettaient un constat similaire : il leur fallait un journal qui parlerait d’eux!

 

Afin d’accéder à la professionnalisation et ainsi avoir accès aux programmes de soutien à la pratique, un artiste de la relève doit soumettre entre autres un dossier étoffé, rempli de coupures de presse et de critiques afin de démonter ce dont il est capable et ce que la communauté en pense. Pas toujours évident d’avoir une telle couverture sans devoir s’expatrier hors des frontières de la région 08! C’est pourquoi en 2004, la Table de la jeune relève a mandaté le Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue (CCAT) afin de vérifier si un tel projet était viable en région.

 

La Genèse du projet

Le CCAT a donc mis sur pied, à l’automne 2004, un comité provisoire qui allait se pencher sur la ­faisabilité d’une telle aventure. Pendant près de deux ans, nous nous sommes rencontrés à raison d’une fois par mois pour créer, imager et surtout rêver ce journal.

 

Nous en sommes rapidement venus à la conclusion qu’il nous fallait créer un mensuel qui couvrirait l’actualité culturelle de TOUTE la région, afin de permettre aux gens de La Sarre de découvrir ce qui se fait à Temiscaming, d’inciter les Amossois à aller festivaliser à Rouyn-Noranda, et de mettre en lumière ce qui se tramait à Senneterre. Bref, il s’agissait de faire de cette région un seul et même lieu de création et de diffusion, de favoriser les rapprochements entre les artistes et les divers publics d’ici, mais aussi et surtout parler de culture, de notre culture.

 

Une étude de faisabilité est venue confirmer qu’il y avait ici un marché pour ce genre de publication. Puis, une incorporation sous le modèle coopératif a suivi, ce qui a mené au recrutement des membres et à l’élection d’un premier conseil d’administration en règle. Il ne restait qu’à financer ce beau rêve et à mettre sur pied un journal digne de ce nom! S’en est donc suivie la rédaction d’un plan d’affaires et des rencontres avec les bailleurs de fonds.

 

L’idée de base était de boucler le ­financement afin d’assurer une stabilité – voire une pérennité –  au journal. Malheureusement, les choses ne vont pas toujours comme prévu, et nous n’avons, à ce jour, toujours pas reçu un seul sou. Tant pis! On l’a tellement rêvé ce journal que nous avons décidé de sortir cette copie zéro afin de l’utiliser comme outil de promotion de cette idée, ma foi, pas si saugrenue que ça! Grâce au travail dévoué d’une cinquantaine de bénévoles, dont une trentaine seulement pour cette édition historique, L’Indice bohémien est devenu réalité. Merci à vous!

 

L’importance d’un tel journal pour la région

La région voit sa scène culturelle bouillonner depuis quelques années et cette effervescence se veut un moteur du développement de notre milieu. Il vaut toujours mieux vivre dans un monde qui a sa culture à cœur, surtout que la culture, ça rapporte! Du moins, c’est ce qu’un universitaire américain a réussi à prouver avec une théorie qu’il a baptisée : l’indice bohémien! Ce concept que l’on doit au chercheur Richard Florida mesure la qualité de vie, la tolérance et la créativité culturelle d’une ville et d’une région. Plus un milieu est développé culturellement, plus il est riche!

Et comme nous voulons, nous aussi, notre part du gâteau, pourquoi se priverait-on d’un tel dynamisme? Pourquoi ne placerions-nous pas notre créativité sur un pied d’égalité avec les richesses naturelles qui nous caractérisent et ont fait de nous ce que nous sommes? Quoi de mieux placé qu’un journal culturel pour mettre tout ça en lumière… Je rêve d’un journal qui participera au développement de ma région, d’un média qui sera à la fois un outil de rétention des jeunes et un moteur de notre fierté régionale. C’est en parlant de nous que nous allons croire en nous, vivre et nous enraciner ici, en Abitibi-Témiscamingue.

 

Et nous n’avons rien à envier au reste du monde, comme le prouve le contenu des pages suivantes. Bonne lecture, et longue vie à ce beau projet journalistique!


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