Il y a encore eu deux ou trois canicules cet été, comme lors d’autres étés avant. Il n’en fallut pas plus à plusieurs, jusqu’à la mairesse de Montréal, pour affirmer qu’il s’agissait d’une preuve chaude et tangible du réchauffement climatique (quand il fait -35o pendant deux semaines en janvier, il ne faut surtout pas confondre météo et climat).

Les changements climatiques, produits par le réchauffement causé par l’effet de serre, sont bien réels. Mais la fin du monde n’est pas dans douze ans. Il faut agir de manière structurante. Car les petits gestes, qui permettent peut-être de dormir la nuit, ne suffiront pas.

Il faudra passer par une révolution. Plutôt un rétropédalage. L’idée : un repli des États sur eux-mêmes. Un constat : commerce mondial et transport polluent épouvantablement. Les super-cargos qui traversent les océans brûlent des tonnes de mazout, de piètre qualité, et polluent plus que des centaines de millions de voitures. Sans compter l’avion et le camionnage (moins de voyages et de croisières aussi!). Un État fort peut faire respecter l’écologie de cette façon parce qu’il pourra privilégier le local, les réseaux courts, les productions nationales. Localisme, nationalisme et protectionnisme peuvent être des clefs. Mais le capitalisme n’en voudra pas, ni certains écolos d’ailleurs, qui veulent des frontières ouvertes et des déplacements à grande échelle pour tout et tous : marchandises, capitaux, personnes.

On souhaite réduire notre impact sur l’environnement, mais on continue pourtant à signer des accords de libre-échange avec l’Asie ou l’Europe. Honteux paradoxe : en juillet dernier, le jour où l’Assemblée nationale française accueillait la jeune Greta Thunberg, venue enguirlander les élus, ces derniers adoptaient un accord de libre-échange Canada-Europe. Bravo! Du bœuf canadien se retrouvera sous peu dans les assiettes des Français, au bout d’un périple de milliers de kilomètres! Et pour nous, des tonnes de fromage! Il faudra pourtant être cohérent si l’on veut s’attaquer à ce transport polluant et réchauffant : tarifs douaniers, nationalisme économique, productions locales.

Voici une stratégie certainement plus efficace que les signatures du Pacte pour la transition. Ceci demanderait par contre une vision partagée par de nombreux pays et des transformations radicales de notre consommation. Les prix vont monter au Costco, les Dollarama fermeront peut-être. Finis les fruits et légumes du bout du monde. Ricardo devra inventer des recettes à base de patate, de navet et d’autres produits de saison. Ce sera un sacrifice en matière de variété, de prix et de quantité. Plus encore, il faudra du courage, de la volonté et un réel leadership. Tout le monde veut aller au ciel, mais personne ne veut mourir. Même si les gens se disent concernés ou consternés, qu’ils manifestent dans les rues, que l’écoanxiété est la nouvelle pathologie du siècle, quand on touchera au garde-manger, au portefeuille et à une certaine qualité de vie, ils verront rouge et moins vert.


Auteur/trice

Abitibien d’adoption, Valdorien depuis 20 ans, Dominic Ruel est enseignant en histoire et géographie au secondaire. Il contribue à L’Indice bohémien par ses chroniques depuis les tout débuts, en 2009. Il a été président du CA de 2015 à 2017. Il a milité en politique, fait un peu de radio, s’est impliqué sur le Conseil de son quartier et a siégé sur le CA du FRIMAT. Il aime la lecture et rêve d’écrire un roman ou un essai un jour. Il est surtout père de trois enfants.