« Il en a fumé du bon! » C’est une expression prise pour dire qu’une personne a des idées étranges. Et c’est aussi ce que me lance un travailleur de rue en parlant de faire passer à 21 ans l’âge légal pour consommer de la marijuana. Mon ami, le ministre de la Santé Lionel Carmant, croit bien agir, mais il « passe à côté ».

Le ministre Carmant veut diminuer les troubles mentaux provoqués par la consommation de cannabis. Selon différentes études, cette substance affecterait le développement du cerveau jusqu’à l’âge de 25 ans. Le ministre oublie que le jeune qui veut consommer en trouvera toujours sur le marché noir (pour qui la hausse de l’âge est une très, très bonne nouvelle). Ce qu’il achètera alors risque d’être fort puissant, et donc d’autant plus dommageable. En comparaison, la Société québécoise du cannabis (SQDC), en plus d’offrir une qualité contrôlée, permet de choisir la concentration désirée en THC[1]. « Sur le marché noir, on peut te faire fumer n’importe quoi! »ajoute encorecelui qui ne comprend pas les intentions de son gouvernement dans ce dossier.

En allant chercher son pot chez le pusher, le jeune peut se faire offrir d’autres produits qu’il ne trouvera pas à la SQDC. L’objectif du vendeur de drogue est de garder sa clientèle et de la faire acheter au maximum. La société d’État a, de son côté, un mandat éducatif.

D’après l’intervenant qui inspire ces lignes, les jeunes consomment de moins en moins de cannabis. On parle bien plus de MDMA (une forme d’ecstasy) ou de speed, à des fins récréatives, que de pot. Il y a aussi l’alcool dont les ravages potentiels sont plus que banalisés, même que l’on peut s’en procurer à 18 ans. On doit ajouter à cela des drogues légales pour soigner un déficit d’attention, diminuer l’anxiété ou augmenter les performances scolaires. Bref, même s’il est habité des meilleures intentions du monde, le gouvernement québécois fait fausse route. Reste néanmoins que les campagnes de sensibilisation qu’il se propose de faire sur la marijuana ne pourront pas nuire.

Une question au ministre : est-ce que le cannabis est plus dommageable pour la santé que le tabac ou l’alcool? Difficile d’y répondre, n’est-ce pas? Pourtant, augmenter l’âge légal pour la consommation de marijuana laisse croire que la cigarette et la bière le sont beaucoup moins.

On a donc là un beau débat, si le gouvernement veut en débattre… Parce qu’au moment où j’écris ce texte, des rumeurs racontent qu’on inviterait principalement des groupes « pro-21 » en commission parlementaire. Dans ce cas, la réflexion risque de ne pas être très large.

Ceci étant dit, le fait de changer l’âge vient tout de même compromettre les chances d’enlever ce marché des mains du crime organisé. Or, c’était la volonté première du gouvernement fédéral en légalisant le cannabis…

[1]THC : abréviation pour tétrahydrocannabinol, l’élément actif du cannabis


Auteur/trice