Encore cette année, Yannick St-Amand a pris les commandes derrière la console au Festival de musique émergente (FME) en Abitibi-Témiscamingue; une habitude pour lui qui simplique auprès du FME depuis la deuxième édition. L’œil vif, la casquette vissée jusquaux oreilles, tout sourire, celui qui a mis la main sur une statuette des Juno Awards (remis par la Canadian Academy of Recording Arts and Sciences) en 2019 na pas la grosse tête. 

 

Celui qui se cache derrière Northern Studio multiplie les collaborations : métal, folks, jazz, rock. Dernièrement, il a travaillé sur le plus récent matériel de Jimmy Hunt. « Je reçois du monde avec qui je nai jamais fait affaire avant et de là, découlent des affaires vraiment trippantes qui me font découvrir une scène que je ne connaissais pas ». Il ajoute : «Une fois, il y a eu un band français qui a pris lavion et fait ensuite 8h de route pour venir me voir au studio. Ça, cest de la pression. » 

 

Sans faire de publicité et sans site Internet, le bouche-à-oreille a fait son œuvre pour Yannick St-Amand qui multiplie les clients aussi loin quen Afrique du Sud. Un tour de force pour celui qui avait connu des débuts bien modestes au moment de lancer son entreprise en 2001. « Longtemps, Northern Studio a été ma chambre à coucher dans un appartement! En 2006, cest devenu nettement plus sérieux quand on a acheté à Villemontel et que jai aménagé mon studio avec un design acoustique et tout », précise-t-il. 

Son métier de sonorisation et de matriçage (mastering), il le voit comme un fin polissage : « Quand arrive le mastering, tu deviens le dernier à polir le projet. Ce n’est pas rendu au mastering que tu sauves lalbum! Les décisions artistiques se prennent avant », résume celui qui ne fait quopérer une touche de magie finale. 

 

MACAMIC : MOMENT DÉCISIF? 

 

À la question, quelle est votre plus grande fierté, Yannick St-Amand répond tout simplement : avoir suivi mon instinct. « Je suis le seul musicien de la famille. Je pense que personne navait cru que jallais macharner comme ça, dans une voie qui nétait pas gagnée davance. » 

 

Pour Yannick St-Amand, le déclic sest lors dune visite au secondaire. « Jai vu un gars qui jouait de la guitare, un autre au drum et jai eu une révélation. Mon rêve, à ce moment-là est devenu davoir un drum et une guitare. Toutes mes heures de pause, je les passais dans le local de musique. Je mangeais mon sandwich super vite », raconte-t-il. 

 

Ironiquement, cette année-là, il était inscrit en arts plastiques, mais il squattait le local de musique et avait un abonnement auprès du professeur Benoit Roy, qui lui a dailleurs vendu son premier tracks. 

 

L’APPEL DE LA MUSIQUE 

 

Même si la sonorisation a occupé la majeure partie de ses activités professionnelles, Yannick St-Amand souhaite revenir à la musique pour les mois à venir. «Cest le musicien en moi qui ma emmené en sonorisation. Avoir des enfants a fait en sorte que jai choisi de ne pas partir huit mois par année. Mes activités de studio ont occupé plus de place, mais aujourdhui, maintenant que les enfants ont grandi, le temps pour la musique est de nouveau possible : 2020 et 2021 seront pas mal consacrées à la musique », affirme-t-il. 

Des enfants, Yannick St-Amand en a 4, âgés de 8 à 14 ans. « Oui, il y a eu des sacrifices, mais tranquillement cest une autre étape qui sen vient », dit-il avec sérénité. 

 

Les derniers mois lui ont dailleurs permis de replonger dans son vieux matériel laissé en plan. « Depuis la pandémie, jai retouché à des vieilles chansons laissées en chantier. Je ne mets pas de limite. Il y a toutes sortes dinfluences. Une vibe année60, un peu de chorales, de gospel. Ça sort doù? Quest-ce que cest? Ça na pas dimportance pour le moment ». 

À 41 ans, Yannick St-Amand semble avoir le sentiment dêtre « sur son X ». « On vieillit, je laisse parler davantage mon côté émotionnel, le feeling. On ne se met plus de barrière. Cest aussi un gros stress de moins que de ne plus avoir besoin de plaire à tout le monde ou dêtre déçu lorsque les critiques sortent », affirme-t-il, les idées plein la tête. 


Auteur/trice

Lise Millette est journaliste depuis 1998, tant à l'écrit qu'à la radio. Elle a également été présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). En Abitibi-Témiscamingue, elle a été rédactrice en chef de L'Indice bohémien en 2017 et depuis, elle continue de collaborer avec le journal.