Le 5 juin dernier, les Productions Par La Petite Porte ont lancé la saison de théâtre d’été avec une représentation de la pièce Boeing Boeing au Petit Théâtre de Rouyn-Noranda. Créée pour la première fois en 1960 par Marc Camoletti et adaptée pour le Québec par Serge Postigo, cette pièce est cette fois mise en scène par Étienne Jacques, qui y est allé d’une touche très abitibienne. En effet, l’action se déroule certes dans l’appartement de Bernard à Paris, mais celui-ci héberge son vieil ami fraîchement arrivé de Senneterre, petit clin d’œil non sans effet sur le public.

Architecte québécois installé à Paris et fiancé à trois hôtesses de l’air allemande, espagnole et étasunienne, Bernard a mis en place un plan minutieusement rodé pour éviter qu’elles ne se rencontrent. Quand l’une décolle de Roissy Charles de Gaulle, l’autre y atterrit tandis que la troisième dort à poings fermés à Shanghai ou à Tokyo. Il peut compter sur l’aide et la discrétion de Berthe, sa bonne excédée et hargneuse, pour garantir le bon fonctionnement du dispositif. Mais quand des impondérables, tels un vol annulé, un départ retardé ou un atterrissage imprévu, se présentent en déjouant ainsi tous ses plans soigneusement établis, l’ami Robert, admiratif des prouesses de Bernard, ne manque pas de voler à son secours. On assiste ainsi à un chassé-croisé ingénieux des trois complices pour trouver des astuces et des tours pour gérer la présence encombrante de deux ou des trois fiancées en même temps.

Les comédiens rendent l’action avec légèreté et drôlerie en s’appuyant sur tous les ressorts possibles. Cela s’avère très utile, car l’intrigue de la pièce est somme toute assez éculée tellement elle a été explorée dans l’histoire du théâtre. En outre, la pièce joue allègrement sur des clichés, poussant la caricature à grands traits. Les trois fiancées sont ainsi assimilées à des poncifs et des habitudes de vie des plus stéréotypés. Isabelle Rivest incarne Grace, l’Étasunienne libre et matérialiste qui bouffe mal. Julie Mercier donne vie à Gwendolina, l’Espagnole caliente qui casse tout à la moindre contrariété, tandis que Maude Letendre emprunte les traits rustres de Gretchen, l’Allemande qui déménage. Les trois autres personnages ne sont pas en reste. Pascal Binette et Luc Drolet campent respectivement Bernard, don Juan invétéré, et Robert, vieux Tanguy coincé. Dans le rôle de Berthe, la bonne revêche qui tient la maison, on retrouve Jean-François Cossette.

Au fil de l’histoire, on voit les personnages se transformer et progresser aussi bien dans leurs relations interpersonnelles que dans leur rapport au monde, ce qui les rend plus complexes. Les comédiens jouent avec les éléments du décor de manière intelligente. La mise en scène est inventive; les costumes, remarquables avec leurs couleurs flamboyantes. Tout cela correspond à l’idée de créer une ambiance détendue et agréable pour le spectateur. La pièce est à l’affiche jusqu’au vendredi 21 juin. On peut y aller, sûr de passer un agréable moment.


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