« Un enfant, c’est une personne que tu mets sur tes épaules afin qu’elle puisse voir plus loin que toi. »

Je me souviens très bien… Cette phrase m’a été dite, il y a longtemps, par un homme rencontré en faisant du pouce. Il ne parlait pas juste de ses enfants, mais de tous les enfants, où qu’ils soient. Tous ceux qui nous suivent et à qui on doit offrir la chance de contempler l’avenir, de s’y diriger et d’y avoir leur place. C’est ça, pour moi, la liberté : pouvoir être en entier.

Des milliers d’étudiants du Québec et un million et demi d’autres à travers le globe ont fait la grève le 15 mars dernier. Ils ont pris la liberté d’élever la voix pour nous tous. « Ce qui risque d’arriver est déjà commencé », « On prend la relève » ou « La planète peut se passer de nous, mais nous ne pouvons pas nous passer d’elle », ont été autant de cris entendus lors de leurs manifestations.

Ce sont eux qui écopent de notre époque. Ils sont les premiers touchés, car leur avenir, le nôtre, est obscur. Quand j’avais leur âge, il n’y avait pas ce climat de mauvaises nouvelles environnementales. L’année 2018, par exemple, a été la quatrième année parmi les plus chaudes jamais enregistrées, les trois autres étant 2015, 2016 et 2017… Des études révèlent sans cesse de nouvelles preuves du désastre. La grande majorité des jeunes à qui j’enseigne entendent ces informations et sont profondément choqués par la catastrophe annoncée à laquelle ils assistent. Leur avenir est incertain comme il ne l’a pas été pour une génération depuis la guerre froide où l’on craignait les armes atomiques.

Il existe cependant une différence de taille avec cette période : si on peut démanteler un arsenal nucléaire et l’éliminer, le processus actuel, lui, ne peut être que ralenti. Oui, c’est à nous tous d’agir, mais ce sont nos gouvernements, de tous niveaux, qui doivent répondre présents et prévenir le pire. Voilà la raison pour laquelle les étudiants s’adressent à eux maintenant; je ne peux que les appuyer, par tous les moyens possibles.

La situation climatique augmente l’anxiété chez la plupart de mes élèves. L’action, surtout en groupe, petit ou grand, peut aider à vaincre la peur de ce qui est, de ce qui vient. Elle permet de sortir de la solitude et de la paralysie tout en servant à soigner le mal de vivre de notre planète et le leur. Beaucoup s’engagent dans cette lutte pour notre survie. Je pense à ceux qui ont pris la rue le 15 mars, aux adeptes du mouvement zéro déchet, à tous les militants écologistes, bref, à tous ceux et celles qui agissent pour le changement nécessaire.

Je nous invite à soutenir les jeunes en forçant nos élus à l’action. La Terre est notre unique vaisseau. Nous voguons ensemble dans ce magnifique bateau et participons au naufrage de sa nature. Il nous faut tous écoper sans relâche afin de maintenir le navire à flot et cesser de le gaspiller.

Ainsi, les enfants pourront se permettre de voir encore plus loin…


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