La démarche CULTURAT est bien connue en Abitibi-Témiscamingue. Depuis plusieurs années, les actions et réalisations sur le territoire sont immenses et il est difficile de ne pas les remarquer ou de ne pas s’y intéresser. Cette démarche, qui est initiée par et pour les gens d’ici, touche plusieurs citoyens au cœur de notre région, mais qu’en est-il d’un point de vue extérieur, lorsque la démarche sort de nos frontières?

Nous avons demandé à Dominic Lapointe, titulaire d’un doctorat en développement régional de l’Université du Québec à Rimouskiet enseignant au Département d’études urbaines et touristiques de l’ESG-UQÀM, de nous partager sa vision de notre région, de notre développement et de CULTURAT.

« L’Abitibi-Témiscamingue évoque pour moi deux éléments, nous confie-t-il. Premièrement, de grands espaces forestiers avec des lacs et des rivières, une nature imposante. Deuxièmement, un pays neuf récemment ouvert où tout est possible. »  Et qui dit « pays neuf » dit grandes possibilités de développement.

Ce développement, nous l’avons fait, et le faisons encore, de bien des manières, mais davantage autour des arts et de la culture dans le cas qui nous concerne. Bien que CULTURAT soit chapeautée par Tourisme Abitibi-Témiscamingue, la démarche s’est articulée davantage autour du citoyen et de sa qualité de vie que du visiteur, bien que celui-ci bénéficie aussi des actions entreprises. « Dès ma thèse, je m’intéressais à la question du tourisme comme stratégie de développement pour des communautés en situation de précarité économique. Mon rapport au tourisme est toutefois relativement critique, car s’il peut être un fabuleux moyen pour développer l’économie, mettre en valeur les modes d’habitation d’un territoire, principalement à travers sa culture et son environnement, il peut aussi devenir une source majeure d’impacts pour les communautés locales. »

Mais qu’en est-il de CULTURAT? Pouvons-nous parvenir à un développement bénéfique et durable pour la population? Dominic Lapointe fournit une partie de la réponse : « La démarche représente une manifestation concrète de la vision du développement local  tel que je le présente dans mes travaux académiques, soit un développement qui est fait en premier pour les citoyens, leur qualité de vie et leurs aspirations, plutôt que basé sur les désirs des touristes. Dans cette perspective, l’investissement, tout en augmentant l’attractivité, contribue rapidement aux populations locales qui, en retour, ne se sentiront pas flouées si les touristes tardent à venir ou si les flux touristiques restent inégaux d’une année à l’autre. »

Alors, si nous semblons réussir là où plusieurs n’ont pas encore tenté le coup, cela veut-il dire que nous détenons un modèle exportable? « De l’extérieur, CULTURAT m’apparait une initiative qui a le potentiel de faire école, répond Dominic, mais qui ne reste malheureusement pas assez connue à l’extérieur de l’Abitibi-Témiscamingue. »

En attendant d’avoir un impact plus grand à l’extérieur de nos frontières, comment pouvons-nous évaluer l’impact de la démarche sur le territoire? « Un impact majeur, conclut le chercheur. Une telle démarche permet de créer une vision commune du milieu de vie pour supporter l’action. La culture et la créativité comme vecteurs de développement restent non négligeables, les acteurs de ces secteurs ayant tendance à faire déborder leurs actions et leurs productions dans le milieu de vie des communautés, à générer de la beauté et de la fierté. »