Porto Alegre est une ville brésilienne — typiquement brésilienne — comme nos perceptions nous font l’imaginer : inégalités
économiques flagrantes, favélas laissées à elles-mêmes. Mais pas tant, dans les faits.
 
Porto Alegre, en 1989, est la première ville au monde à avoir choisi une approche démocratique et citoyenne toute nouvelle en adoptant le budget participatif. L’autre Amérique nous sert une leçon de démocratie! Célébrons dignement cette cité pas comme les autres et confions à Félix B. Desfossés, notre DJ en résidence, le soin de fournir la trame musicale de cette chronique.
 
La chanson proposée est Walderez Waldereia de Flavio Kurt, un artiste brésilien dont les sonorités rappellent étrangement celles de Robert Charlebois à la même époque (réécoutez Engagement).
 
Charlebois mélangeait le rock, le funk et ses influences folkloriques; Flavio Kurt mélange les rythmes tropicalia typiquement brésiliens avec des sons hautement psychédéliques! Les Amériques ont peut-être plus en commun qu’on le pense!
 
 
À vos écouteurs! Voilà, c’est parti!
 
Imaginez cette ville d’un million et demi d’habitants qui, en quelques années, a vu son réseau d’égouts sanitaires se développer jusqu’à desservir 85 % de son territoire. Désormais, même les plus pauvres résidents des bidonvilles peuvent aspirer à des conditions raisonnables de santé publique. Porto Alegre représente un succès. Un tel succès que les altermondialistes ont fait de cette ville leur lieu de rassemblement en 2001 et ont adopté l’idée du budget participatif. Depuis, ils font essaimer ce concept sur tous les continents, y compris au Québec.
 
Le budget participatif, très sommairement, fonctionne ainsi : comme à l’habitude, les élus municipaux déposent le budget annuel établissant la part réservée aux couts de fonctionnement et réservant des sommes pour les immobilisations. À partir d’ici, une part de ces derniers montants est conservée pour le processus de participation citoyenne.
  
Pour ce faire, les quartiers sont invités à présenter des projets d’équipement dans le cadre d’assemblées plénières. Imaginons les projets : une aire de jeu, un comptoir satellite de la bibliothèque dans un quartier éloigné, etc.
 
Des comités multipartites (élus, citoyens et fonctionnaires) s’attèlent alors à établir la faisabilité financière des projets reçus.
Dans certains cas, on réfère les projets à des tables thématiques, lesquelles, par leurs compétences, établissent la faisabilité complète des propositions citoyennes et montent aussi des fiches descriptives qui serviront à la poursuite du processus.
 
Faisant rapport sur les projets recevables en fonction du cadre budgétaire, le conseil municipal invite ensuite les citoyens à voter pour les projets les plus pertinents.
 
On observe à cet égard que le vote électronique est de plus en plus utilisé dans les juridictions municipales qui peuvent en faire usage. Encore une fois, l’instance multipartite reprend du service et s’assure du bon déroulement du processus jusqu’à la réalisation du projet.
 
Un modèle parfait?
 
Bien sûr que non! Il y a là comme ailleurs un risque de récupération politique, tout comme une bonne vieille annonce politique d’asphalte à laquelle les politiciens ne renoncent jamais. Mais par cette forme de participation citoyenne, la démocratie mu
nicipale fournit aux citoyens une occasion de faire de leur ville un lieu qui leur ressemble, vraiment. Et parfois, ou pour une fois, c’est la dimension sociale qui prime sur le goudron macadamisé!
 
Et pour ceux qui sont curieux, sachez que même la ville de Paris a adopté cette formule depuis quelques années, tout comme plusieurs collectivités européennes, africaines et même… la ville de Saint-Basile-le-Grand, en Montérégie, au Québec.
 

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