Cette foule noire funestement silencieuse dans la sombre nuit noire,

Cette foule noire s’avance lentement dans les entrailles froides et furieuses de la Méditerranée,

Cette foule noire et silencieuse affronte la mort, en quête d’une vie meilleure

Cette foule noire rejetée de tous.

 

Cette foule noire que le monde fuit du regard,

Cette foule noire dont la mer endeuillée rejettera les corps sur les belles plages européennes,

Cette foule noire dont les cimetières de Sicile ne veulent plus les cadavres anonymes,

Cette foule noire et silencieuse : nos filles, nos mères, notre jeunesse désœuvrée…

 

Cette foule noire me rappelle celle d’Auschwitz,

Cette foule me rappelle celle des esclaves de Gorée quittant à jamais la porte du non-retour.

                          Je pleure pour cette foule noire et silencieuse et j’accuse :

J’accuse ceux qui se nourrissent de votre désespoir,

J’accuse ceux qui entretiennent la terreur sur votre terre nourricière,

J’accuse ceux qui vous tournent le regard pour soulager leur conscience amnésique,

J’accuse le ciel de ne pas ouvrir la mer pour laisser mon peuple traverser à pied sec.

 

Je m’accuse, car je n’ai que ma modeste plume et mes mots pour crier mon désarroi

Je m’accuse surtout, car après ce fait divers, je zapperai ma télé pour me reblottir dans le doux confort de ma bulle de vie de privilégié.

 

Pauvre Humanité! Où est ton humanité?


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