Nous y sommes déjà à ce neuvième mois, à cette grossesse à terme qui nous fait rêver d’un nouveau départ, d’un commencement, d’un début de quelque chose de différent. Septembre, ce mois flamboyant qui commence sous le signe de l’émergence pour plusieurs d’entre nous, laisse dans son sillage un mélange d’appréhension et de fébrilité pour ceux et celles qui regagnent les bancs d’école. Que souhaitons-nous aux étudiants et aux professionnels œuvrant dans le réseau scolaire en cette épineuse rentrée 2015? Que souhaitons-nous en éducation pour le peuple québécois dans ce climat austère qui goûte la mine plus souvent qu’à son tour?

Souhaitons-nous des élèves curieux et créatifs, inspirés non seulement par ce qu’on leur enseigne, mais aussi par ce qu’ils vivent dans leur communauté. Espérons des apprenants ouverts qui auront conscience de la valeur de l’autre dans ce qu’il est, même s’il est différent. Ayons confiance en nos jeunes qui existent bien au-delà des réseaux sociaux, qui ont illuminé le regard de plusieurs lors de récents projets comme Unique au monde ou Culturat te lance la balle.

Souhaitons-nous des enseignants passionnés à qui l’on donnera les moyens de leurs ambitions. Appuyons-les dans leur lutte qui est juste et intelligente, qui est nécessaire à leur santé mentale et physique, qui n’a comme trame de fond nuls autres que nos enfants. Désirons des enseignants qui ne voient pas en l’élève un pot à remplir, mais un vase à façonner. Des enseignants à l’affût, qui sortiront des manuels scolaires pour placer l’élève au cœur de projets culturels et identitaires de façon à donner un sens profond à ce NOUS qui a tendance à s’émietter.

Souhaitons-nous des parents, amis et voisins qui feront de l’éducation, tant dans leur maison que dans leurs discours, une priorité. Devenons ces adultes qui pousseront les jeunes sur des chemins parfois sinueux, mais où la persévérance et la curiosité intellectuelle seront récompensées par ce formidable sentiment d’accomplissement de soi.

Souhaitons-nous des dirigeants qui banniront le mot austérité des salles de classe pour le remplacer par abondance. Abondance de ressources financières et humaines, de compassion, de plans B, de débrouillardise, de créativité, de leadership. Votons pour des dirigeants qui cesseront de panser la plaie avec des tableaux blancs interactifs ou des iPad pour enfin proposer des solutions concrètes aux problématiques grandissantes et urgentes du réseau scolaire québécois. Aspirons à des hommes politiques compétents et connaisseurs qui feront une priorité des livres dans les bibliothèques scolaires et qui n’encourageront pas la fouille à nu. Exigeons des dirigeants pour qui la pauvreté intellectuelle et la désinformation du peuple ne sont pas une option souhaitée ni encouragée, pour qui l’éducation n’est pas un privilège pour certains, mais bien un droit fondamental pour tous.

En ces temps plus sombres, il m’arrive de me répéter mentalement ce proverbe qui dit qu’il faut tout un village pour élever un enfant. Je pense alors à un peuple coloré, debout et fier, avec cette étincelle dans le regard qui nous invite au défi… C’est sincèrement ce que je nous souhaite : un village bien bâti, informé et soucieux de son prochain, qui fera de l’éducation au Québec une priorité. \


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