L’une est poète, l’autre illustratrice. L’une est marraine, l’autre maman, et toutes deux sont complices des enfants. Leur poésie respective dévoile un lieu de rencontre à la croisée de leur imaginaire, là où les mots trouvent leur prolongement dans l’image.

Dans le cadre du Salon du livre de l’Abitibi-Témiscamingue qui se déroulera à Val-d’Or du 21 au 24 mai prochain, elles ajouteront leur touche de magie au monde de la littérature jeunesse en lançant Marcher dans le ciel, un album jeunesse poétique publié chez Bouton d’or Acadie. Le lancement aura lieu le 23 mai à 14 h 30, l’invitation est lancée.

Sonia écrit depuis toujours. « Je n’ai pas le souvenir d’avoir commencé à écrire de la poésie, ou de l’avoir découverte. L’écriture, c’est mon état d’être. Mais le théâtre est ma première passion. Ma première scène, j’avais 7 ans. Je m’en souviens très bien : l’odeur des loges, du maquillage, des éclairages qui chauffent trop. C’est un souvenir marquant! » raconte l’auteure, qui vient de remporter en mars dernier le Prix Geneviève-Amyot remis par l’organisme Le Printemps des Poètes, un concours d’envergure internationale ouvert à tous les poètes de la francophonie.

Elle est donc devenue une artiste de la scène, qu’on a vue au théâtre et dans des soirées de poésie, livrer ses textes avec une fougue rare et une langue aiguisée comme un poignard. Malgré sa timidité, la scène, c’est son safe place. « C’est pour les gens comme moi qui ne savent pas comment s’exprimer dans la vie. Tu montes sur les planches, au chaud, là tu es bien, tu es protégée. Après Changer le Bronx en or, je me suis dit que je devais apprendre à les livrer sur scène pour qu’il y ait adéquation entre mon intensité, mon intériorité et mon besoin de la scène. Le texte écrit ou performé n’est pas le même. J’ai appris à écrire pour être entendue. »

C’est ainsi que sont venus de nouveaux projets de création, entre autre le spectacle pour enfants Si ce que j’invente est vrai, à l’origine du projet de publication actuel, qui allie poésie, illustration et musique, réalisé avec ses complices Annie Boulanger et François Grenier.

Les enfants, ce public sans compromis

Selon Sonia Cotten, écrire pour les enfants est un art très difficile. « Je fais beaucoup d’animations dans les écoles et c’est absolument magique; mais l’écriture, c’est comme faire du tir à l’arc en visant une cible minuscule. Si tu rates, l’enfant te dit carrément C’est plate; il ne va pas te dire C’est intéressant. »

Une thérapeute pour enfant en résolution émotive, Rachelle Paquette, avec qui Sonia a collaboré pour son recueil Mon chef c’est mon cœur, lui a raconté nombre d’anecdotes vécues au fil des années. C’est alors le déclic. « Par amour, pour les protéger, pour ne pas  s’engager dans une remise en question… pour plusieurs raisons, on ne leur dit pas la vérité. Pas toujours, mais souvent. J’ai réalisé qu’il faut leur dire la vérité simplement. C’est ce qu’ils demandent. Rappelons-nous que ‘La vérité, c’est le ciment de la confiance.’ »

Pour Annie, qui œuvre régulièrement en illustration jeunesse, travailler pour les enfants est une source d’inspiration importante. « Je suis parfois un brin désabusée du genre humain. J’ai l’impression que le seul espoir qui reste est dans ces petits arbres qui sont en train de grandir. Ils n’ont pas encore poussé croche. Un adulte, ça ne change pas d’idée, c’est rigide, il est trop tard. Avec un enfant, tout est possible, c’est là qu’il faut mettre notre énergie et notre espoir », raconte l’illustratrice avec lucidité, elle qui par ailleurs vient de se voir octroyer une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec pour la création d’un roman graphique.

Les créatrices prennent leur travail très à cœur : « Ce sont à notre avis des outils qui permettent d’aller plus loin avec les enfants et leur famille. Les thèmes sont choisis et validés selon leur pertinence; les textes et les illustrations reçoivent les commentaires de Rachelle. Certains thèmes sont graves, comme le deuil, la peur du rejet, l’aide à son parent… graves, oui, dans le sens qu’il est important d’en parler. Comme l’enfant est toujours en mode solution, c’est ce qu’on fait aussi », racontent-elles.

Sonia renchérit : « Je n’ai pas d’enfants mais j’en ai plein autour de moi. J’ai donc une distance utile pour l’observation et l’écriture. J’écris pour les enfants parce qu’ils sont honnêtes et parce qu’il faut les aider à se remettre de leurs parents, des fois! Et avec Annie, qui est parent et artiste, on se complète parfaitement. L’univers d’Annie apporte toujours sa dose de magie. C’est comme si l’intelligence de l’image vibre au diapason des mots. »

On peut donc parier que grâce à elles, la poésie entrera par la grande porte dans nos bibliothèques d’école et que le contact privilégié avec cette forme de littérature ouvrira autant le cœur des enfants que celui des adultes.

Le public est convié au lancement de l’exposition du matériel qui a servi à la réalisation du livre. L’activité aura lieu le samedi 9 mai prochain à 16 h au Centre d’exposition de Rouyn-Noranda.


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