Je reviens à la grande étoile

Mon guide

C’est ici que je danse

Avec les aurores boréales

Étendue, je n’agonise pas

 

La poétesse Joséphine Bacon est une Innue originaire de Betsiamites qui a reçu le Prix des lecteurs du Marché de la poésie de Montréal pour son premier recueil de poésie, Bâtons à message/Tshissinuatshitakana (Mémoire d’encrier, 2009). Elle a également participé à l’écriture du livre Nous sommes tous sauvages (Mémoire d’encrier, 2011) et écrit des textes pour la chanteuse Chloé Ste-Marie.

Son nouveau recueil de poésie nous fait parcourir le vaste territoire de la toundra du Nord-du-Québec. Dans son prologue, l’auteure explique sa première rencontre avec cette contrée nordique. Elle était alors à Schefferville en compagnie d’un grand chasseur de caribous, Ishkuateu-Shushep, et sa femme Maïna qui participaient au grand rassemblement des aînés. Elle a alors découvert une terre d’horizon infini : « Je voyais l’horizon tout autour. Il n’y avait plus de murs, comme si j’étais dans l’espace, suspendue dans le temps. » Elle a aussi été témoin du grand respect qu’éprouvent les Innus pour le caribou. Elle fut subjuguée par la profonde connaissance des aînés sur cet animal si important dans leur culture.

Ses poèmes en français et en innu, tout en simplicité, nous plongent au cœur de cette rencontre entre la poétesse et la beauté du territoire. Elle écrit le mot Toundra avec une lettre majuscule pour bien marquer son sentiment de déférence envers cette immensité où les étoiles et le lichen sont omniprésents. Elle explique le réconfort qu’apporte pour elle ce territoire sauvage tandis que la ville est davantage synonyme de douleur, d’ivresse violente et de désordre. Elle sent que dans la ville elle erre, tandis que dans la Toundra elle redevient nomade.

Enfant de la Toundra

Résonne mon cœur

Ta musique, la rivière

Ta lumière, les étoiles

Ton tapis, le vert tendre du lichen

Je ne sais pas voler mais tu me portes

Ta vision dépasse le temps

Ce soir je n’ai plus mal

La ville ne m’enivre plus

Elle nous apprend également à quel point la Toundra, terre de ses ancêtres, fait intimement partie de son identité. Elle qui s’en est éloignée lors de son passage au pensionnat se sent renaître dans le réconfort de l’immensité. « J’arrive enfin à la terre qui espère ma venue. » Ses poèmes rappellent des prières entonnées dans le silence de l’immensité, des odes à sa puissance. Un beau recueil qui nous fait parcourir cette partie rarement visitée du pays boréal.

 Joséphine Bacon, Un thé dans la toundra, Éditions Mémoire d’encrier, 2013, 99 pages


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