Si, comme moi, vous n’êtes pas originaire de la région, vous vous dites que l’Abstracto, avec son ambiance tamisée, ses belles peintures et son personnel sympathique, fait partie intégrante du charme de la ville et de fait, a certainement toujours été là.  Toutefois, dans le but de vous présenter les faits historiques les plus rigoureux, je suis allé à la rencontre des trois propriétaires, Sylvain Sauvageau, Serge Thouin et Sébastien Veillette, qui, autour d’un café, m’ont raconté l’histoire du lieu et m’ont parlé de la programmation qu’ils ont échafaudée afin de souligner les 20 ans de ce commerce et espace culturel.

 Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Un temps où ce secteur du centre-ville était manifestement dévitalisé. Un temps où le solde migratoire de l’Abitibi était particulièrement déficitaire et l’offre culturelle… mince. À cette époque, on ne lui donnait pas six mois d’existence, à ce projet de café-bar. La recette était pourtant simple : du bon café, de la bonne bière, peu d’équipement, un soupçon de naturel sympathique dans  un environnement chaleureux où l’on se sent mieux qu’en famille. On peut dire que vingt tours de boule plus tard, la recette a fait ses preuves.

Vingt ans, ça se fête en culture à l’Abstracto. Au programme de cette célébration : une exposition collective et deux concerts. Les amateurs d’arts visuels pourront apprécier des œuvres d’artistes tels que Karine Berthiaume, Christian Leduc, Valéry Hamelin, Ariane Ouellet, Renaud Hébert et Brigitte Toutant. Les mélomanes, quant à eux, seront comblés par la venue sur les planches du café-bar des artistes pop-folk Marie-Pierre Arthur le 9 avril, et des Sœurs Boulay le 17 avril. Un seul critère dans les choix de programmation : tous les artistes retenus sont des coups de cœur de nos trois acolytes.

Si je vous parle de ce café-bar, ce n’est pas simplement pour les beaux yeux de ses propriétaires. Depuis le début, l’Abstracto s’est voulu un lieu culturel. À l’origine, plutôt une vision qu’une mission, l’intention culturelle s’est rapidement imposée. Certains se souviendront de collaborations avec les nuits de la poésie, ou plus récemment le GECO, en plus d’offrir aux artistes en arts visuels leurs murs, vides à l’origine. C’est au fil du temps et des expositions que l’Abstracto a monté la collection que vous pouvez admirer aujourd’hui. Concocter une exposition collective s’inscrit donc en continuité avec cette démarche.

Ceux qui fréquentent l’Abstracto savent aussi qu’un soin particulier est apporté aux choix musicaux, qui sont un apport tout aussi important que la décoration ou l’odeur de café fraîchement torréfié à l’atmosphère des lieux. À cela rien d’étonnant, l’Abstracto est géré par des mélomanes. Ils ont d’ailleurs entretenu une étroite collaboration avec le FME et ce, depuis le début, ce qui a donné place à certains spectacles mémorables tels que ceux de Pierre Lapointe, Marco Calliari, Socalled ou encore les Charbonniers de l’enfer. Ce qui fait le succès de ces événements, en plus de la qualité des artistes, c’est l’esprit qui caractérise le tout, à l’image de l’Abstracto, amicale et sans prétention.