Pourquoi se donner toute cette peine, alors qu’avant même d’avoir épuisé les réserves, on doit déjà amorcer les semis pour les jardins de la saison prochaine? C’est simple! Premièrement, les jardins sont d’abord une célébration de la beauté et de la vie. Avec la nature qui les entoure, ils font et défont le paysage, puisque toujours à recommencer. Deuxièmement, s’ils sont beaux à regarder et à visiter, ils sont surtout bons à manger et nombreux sont les jardiniers qui s’enorgueillissent de leurs tables savoureuses.


On peut se le dire, la saison est pratiquement terminée. Il reste à gérer le fruit du travail avec assiduité pendant l’hiver, comme un grand garde-manger, afin de minimiser les pertes inévitables. Puisqu’on gère du vivant, qui garde l’essentiel de sa valeur nutritive dans les meilleures conditions jusqu’au solstice d’hiver, mais il va vers un lent et irrémédiable déclin, périclitant après l’équinoxe du printemps. Il est néanmoins possible de conserver certains légumes, comme des carottes matures, jusqu’aux récoltes d’automne!

 

Écoutez parler les jardiniers de leurs plus récentes découvertes et vous verrez s’allumer leurs yeux d’une nouvelle lumière. À l’heure de la traçabilité, la recherche d’une nourriture plus saine, non altérée par l’industrie, produite à l’aide de méthodes plus écologiques, s’impose d’elle-même. Les râteaux et les bêches pratiquent une ouverture dans les platebandes, pour les herbes vivaces que convoitent nos assiettes. Recherchez-les l’été prochain : de leur verdure, elles marqueront une pause dans l’explosion, par vagues successives, des diverses floraisons. Oseille, ciboulette, oignons d’hiver, sauge, livèche ou thym serpolet ne sont que quelques exemples choisis par nos grand-mères pour leurs herbes salées.


Les jardiniers demeurent des artisans du paysage en perpétuelle transformation, d’autant plus s’ils plantent les arbres qui constitueront des haies brise-vent, capables de procurer en quelques années un microclimat à une parcelle de terre à vocation agricole, à la faveur d’une embellie prodigue.


Étrange que certaines villes interdisent le maraîchage devant les maisons, comme s’il devait être banni des devantures pour être gardé secret, clôturé au fond des cours… Le jardin réjouit l’œil et le cœur par sa structure, ses verts, bleus ou gris, ses enseignements et sa beauté changeante. Pour peu qu’il soit visible de la rue ou du chemin, il participe au coup d’œil et à l’environnement comme aucun autre espace. Que cet hiver s’annonce propice à la réflexion sur le changement de vocation de cet espace non loin de la maison… Faisons la place belle aux jardins, pour la suite du monde, la saison prochaine! 


Auteur/trice

Chroniqueuse autodidacte pour L'Indice bohémien et pour le Journal Le Pont de Palmarolle. Les sujets couverts touchent, entre autres, l'actualité, la lecture, le jardinage, le végétarisme, l'interprétation de l'objet patrimonial, les arts visuels, le portrait, l'amour de la nature et de la culture. Prix de l'AMECQ 2019 pour la meilleure chronique Notre région a cent ans.