Ça joue du coude dans le monde du 9e art, c’est-à-dire la bande dessinée, avec la parution du recueil Nouvelles explorations, lancé le 29 octobre dernier au Cabaret de la dernière chance dans le cadre de l’Espace Court du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue.

Avec Nouvelles explorations par la Bande Témiscabitibienne, les Lucky Luke et Astérix du monde des phylactères n’ont qu’à bien se tenir puisque désormais, ce sont des héros d’ici qui viendront prendre leur place sous les yeux des amateurs de BD. L’idée derrière ce concept original a germé dans la tête de Martin Legault, professeur à l’UQAT, lors d’une rencontre qu’il a faite en 2007 au Salon du livre de l’Abitibi-Témiscamingue. « J’ai rencontré un bédéiste de l’Outaouais qui présentait un projet semblable au nôtre, Le projet Outaouais. Je me suis dit que c’était une belle façon de montrer que les histoires dans les BD peuvent se passer en dehors des métropoles, donc aussi en Abitibi. »

L’idée a fait son chemin et à la suite d’un appel de dossiers, plusieurs artistes de la région, en arts visuels, en contes et en littérature, ont été jumelés afin de créer des histoires. « Comme je ne viens pas de la région, ce que j’en connaissais c’était les clichés, et je voulais qu’on aille au-delà de ça. On revient sur certains stéréotypes, mais au lieu d’être des clichés, on voit la vraie histoire, et il n’y a pas juste des histoires de mines! » explique l’éditeur du projet. Des collaborations entre 19 artistes sont nés dix récits bien ancrés dans le territoire. De plus, des mises en contexte historiques, rédigées par Jonathan Barrette, ont été insérées dans le recueil.

De la BD traditionnelle à la plus éclatée


Dans ce recueil, on retrouve de tout, un peu à l’image des artistes de la région : ça va de la bande dessinée plus traditionnelle au look plus rétro des vieilles BD américaines, en passant par le photo-roman et l’art contemporain. La diversité des récits y est aussi très grande, que ce soit Richard Desjardins qui offre sa poésie sur la toponymie algonquine en utilisant comme trame de fond des oeuvres de Martine Savard, ou encore le bédéiste de formation Jean-Philippe Perrault qui raconte les aventures d’Elvis à La Reine.

Ce projet a suscité de belles collaborations entre artistes du texte et artistes de l’image. Ainsi, le duo LEDBER (Christian Leduc et Patrick Bernèche) a eu le bonheur d’illustrer avec ses clichés et montages photos un texte de Béatriz Mediavilla portant sur l’immigration européenne en Abitibi dans les années 60. « Avec Béatriz, on avait le champ libre, raconte Patrick Bernèche. On a travaillé le découpage, le collage, la texture pour donner une profondeur de champ à l’histoire. C’était vraiment trippant ! »

Nouvelles explorations aura aussi permis à Guillaume Beaulieu de voir Martine Dupuis illustrer une des légendes urbaines les plus connues d’Amos : celle du suicide d’une religieuse. « C’était vraiment enrichissant comme expérience, confesse le conteur. En tant qu’artiste de la scène, on lance des mots qui vont créer des couleurs dans la tête des gens. Cette fois, c’est par le filtre de Martine que je pouvais voir ce dont avait l’air ma propre histoire. »




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