Qui dit région intelligente dit aussi ville intelligente. Mais comment devient-on une ville intelligente? Et surtout, pourquoi faire passer le cortex urbain de notre ville natale à la vitesse turbo?
Un territoire intelligent, qu’il s’agisse d’une ville ou d’une région, est générateur de développement durable. Rendre nos milieux intelligents, au sens numérique du terme, permet d’agir à même le tissu urbain et rural sur lequel nous construisons nos existences, nos compétences, nos savoirs. Mais il ne faut pas se leurrer! Une ville intelligente, ça ne se limite pas au wifi gratuit au centre-ville. C’est appréciable, bien sûr, mais il faut davantage pour réellement influer sur le développement du milieu.
Dans les milieux valorisant la standardisation et la reconnaissance officielle des villes intelligentes, on évoque trois leviers d’intervention possibles.
1. L’INFRASTRUCTURE
Tout d’abord, l’infrastructure permet la circulation de l’information. Celle-ci peut être source de loisirs, mais s’acquitte aussi de tâches plus nobles. L’apprentissage en ligne (e-learning) est maintenant une pratique pédagogique valorisée par le milieu de l’éducation. Il en découle l’occasion d’apprendre partout et de se construire un profil scolaire personnalisé. Développer une compétence citoyenne, en somme. Déjà les codes sources libres (open source) circulent et certaines communautés les partagent. En Abitibi-Témiscamingue, CommunAT en est un bon exemple.
2. L’INFOSTRUCTURE
Faire accéder les citoyens à l’information spécialisée, voilà le principal enjeu. Il faut libérer les données numériques, les rendre accessibles aux créatifs qui feront le design des objets, instaureront des pratiques communautaires et amélioreront nos institutions. L’information spécialisée dont on parle ici peut être générée par des réseaux de capteurs sensibles installés aux quatre coins de la ville. On ne l’imagine pas encore, mais les données citoyennes mobiles peuvent être aussi des marqueurs pour toutes sortes d’enjeux : circulation, occupation des salles d’urgence, etc. Les citoyens sont alors générateurs des données, et les transforment en projets collectifs. Certaines études démontreraient d’ailleurs que les usagers qui croient à la notion de communauté d’apprentissage aiment aussi s’investir au sein de groupes créatifs, d’intelligences connectives.
Nous sommes aux portes de la communautique, telle que l’a décrite le chercheur et professeur québécois Pierre-Léonard Harvey. Une approche qu’il faut absolument s’approprier dans l’objectif de trouver une application constructive aux réseaux sociaux virtuels.
3. LA SOCIOSTRUCTURE
Les milieux qui tireront le plus profit de l’intelligence numérique sont dotés de tiers-lieux (voir la chronique du mois précédent). Ces locaux favorisent l’expérimentation collective et répondent à la notion How to Make (Almost) Anything [comment tout faire (ou presque)] élaborée parNeil Gershenfeld du MIT de Boston. Les bibliothèques publiques offrent un réceptacle génial à cette sorte d’établissement.
Un territoire intelligent pourrait permettre à nos milieux de réaliser leurs ambitions collectives. Comme Copenhague qui aspire à devenir carboneutre en 2025. Et ce sont les cyclistes qui agissent comme capteurs mobiles du taux de CO2. J’aime ça.
Exclusivité web signée Félix B. Desfossés
Pas toujours besoin de paroles pour faire réfléchir. Les paysages musicaux de Bus Ride du montréalais Kaytranada permettent facilement de s’imaginer faire un tour de ville en autobus et laissent l’espace mental pour réfléchir à la manière dont on peut rendre nos villes plus intelligentes.